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Intelligence artificielle
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 10 mai 2019 10:16
- Écrit par Claude Séné
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Deux ONG françaises, l’ASER et l’ACAT, ainsi que le député communiste de Seine-Maritime, Jean-Paul Lecoq, s’opposent au chargement sur un navire saoudien d’une livraison d’armes destinées à alimenter la guerre que mène cet état au Yémen. Il s’agirait, selon toute vraisemblance, de canons de type « Caesar » qui peuvent être chargés sur des plateformes de camion, leur assurant toute la mobilité nécessaire pour lancer des opérations dans le désert. Certes, la France est fabricante et exportatrice d’armes, la 3e au monde, mais elle s’interdit, en principe, de fournir les pays engagés dans un conflit touchant des civils.
Ce qui n’a pas empêché le président Macron de déclarer qu’il a demandé et obtenu des « garanties » de la part des autorités saoudiennes que les armes livrées par la France ne seraient pas utilisées contre les populations. Alors, je ne suis pas un spécialiste des armes à feu et encore moins des armes de guerre, mais j’ai l’impression que la technologie a progressé de façon fulgurante. Nous aurions donc affaire à présent à des canons intelligents, capables d’identifier les cibles à longue portée, de vérifier si elles portent bien un uniforme, et si oui, de quelle nationalité, amie ou ennemie, et surtout de faire demi-tour, en larguant des tracts en plusieurs langues d’excuses pour le dérangement, en cas d’erreur sur la personne. Même les Américains et les Russes ne l’ont pas, ça. Ah ! il est fort, le président français. Il assume. Les Émirats arabes unis et l’Arabie Saoudite, ces piliers de la défense des droits de l’homme sont les alliés de la France, et surtout ils paient cash. On ne va pas se fâcher avec ces bons clients pour une guerre minuscule à l’autre bout du monde, où il n’y a guère que 400 000 civils qui risquent leur peau pour quelques barils de pétrole dont ils ne voient jamais les bénéfices dans leur vie quotidienne.
En tout cas, nous, nous avons la conscience tranquille. Nous fabriquons, nous livrons, ce qui se passe ensuite ne nous regarde pas. Non seulement ça donne du travail aux Français qui en ont bien besoin, mais ça rapporte aussi pas mal : plus de 4 milliards d’euros en 2016, de quoi compenser le manque à gagner sur le défunt ISF. Et puis, si nous ne le faisions pas, ce sont nos concurrents russes ou américains qui s’empresseraient de rafler les parts de marché. L’argument a beau être éculé, ça marche toujours. Donc notre industrie de l’armement a encore de beaux jours devant elle, tant qu’il y aura des hommes, et qu’ils se feront la guerre. C’est le triomphe de l’intelligence artificielle, à moins que ce soit la preuve que nos dirigeants nous soupçonnent de connerie naturelle, et qu’ils en abusent.