Jackpot

100 % des compagnes de Gilles Le Gendre ont tenté leur chance. Et elle a bien fait. En effet, c’est bien Raphaële Rabatel, l’épouse du patron des députés de la République en marche, qui a été nommée directrice de la communication à la Française des Jeux, une entreprise lucrative dont l’état vient de décider de la bazarder contre un plat de lentilles. C’est dire si la nouvelle directrice va avoir du boulot pour justifier la politique défendue par son mari, qui ne semble pas voir où se situerait le problème. Ses petits camarades non plus d’ailleurs, qui trouvent tout ça bien normal.

Il faut reconnaitre une chose à Gilles Le Gendre. Il a fait sienne la devise selon laquelle il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Il a raté d’un rien le grand prix de l’humour politique involontaire en attribuant à son excès d’intelligence l’incompréhension chronique des Français vis-à-vis de la politique gouvernementale. Cette fois, il assume pleinement la responsabilité de la grande braderie des bijoux de famille, qu’il a votée sans le moindre état d’âme ni le moindre soupçon de conflit d’intérêts. Comme quoi, les gens excessivement intelligents aussi, ça ose tout, et c’est même à ça qu’on les reconnait. On comprend mieux, à la lumière de ces suspicions de favoritisme, le choix du nom de loi Pacte pour qualifier les cadeaux dont profiteront les investisseurs privés, et dont on devine les contreparties. Il y a du Faust là-dessous et la perte de son âme à l’arrivée.

L’état s’est donné beaucoup de mal pour confisquer le marché des jeux de hasard et le prouve une fois encore avec l’interdiction de la vente sous forme de concours d’une propriété en Dordogne, au motif que les loteries sous quelque forme que ce soit sont l’apanage de l’état, qui en détient le monopole, à l’exception des casinos, sur lesquels la collectivité prélève aussi sa part. Bien qu’immorale dans son principe, cette pratique rapportait de l’argent à la nation, qui profitera désormais aux futurs actionnaires de ces entreprises, au nom d’une vision purement idéologique et dogmatique. Nous payons encore aujourd’hui les conséquences de la concession désastreuse des autoroutes à des intérêts privés, mais la leçon ne semble pas avoir été comprise, ni retenue. Nous allons nous débarrasser d’activités profitables pour un bénéfice illusoire de court terme, et perdre la maîtrise de pans entiers de l’économie nationale. L’expérience a montré que nous n’avions rien à gagner et beaucoup à perdre dans ces jeux dangereux, où le hasard n’a que peu de place. Car à la fin, ce sont toujours les mêmes qui gagnent.