De « légitimes » ambitions

L’exfiltration de trois ministres pour cause de campagne électorale remet à l’ordre du jour une question rarement abordée, celle de la légitimité d’une ambition politique, qui est pourtant centrale dans une démocratie. Chacun part du principe que sa valeur n’est pas moindre que celle de ses concurrents éventuels et il vaut mieux afficher une grande confiance en soi et en ses capacités pour mettre toutes les chances de son côté. Par bonheur, mais est-ce vraiment un hasard ? la plupart des impétrants ont une expérience approfondie des grands oraux, car ils proviennent souvent du même moule.

Un bon exemple, c’est celui de Natalie Loiseau, ci-devant désignée à la tête de la liste présidentielle aux élections européennes prochaines, qui s’est débarrassée avec aisance de la question perfide d’un journaliste de Quotidien qui lui rappelait le score minuscule (0,17 %) de la liste où elle figurait en 49e position sur 50 dans un passé désormais révolu. En bonne ancienne directrice de l’ENA, elle n’a fait qu’une bouchée de cette chausse-trappe, qui doit faire partie de l’entraînement de base de ses anciens élèves. En guise d’ambition légitime, la mairie de Paris, qui a servi de tremplin à un certain Jacques Chirac, aiguise surtout les appétits de jeunes loups aux dents longues, avides de vouloir « servir leur pays » sans aucun esprit d’intérêt personnel. Pour la seule République en marche, ils ne sont pas moins de cinq à briguer l’investiture, dont les deux ministres démissionnaires, l’un volontairement, l’autre à son corps défendant. Ça va être drôle cette précampagne, où les candidats à la candidature vont devoir expliquer qu’ils défendent tous les mêmes idées, mais mieux que le voisin. Comment éviter de transformer le débat démocratique en querelle d’égos surdimensionnés ? D’autant que les sondages montrent que l’écart entre les trois favoris est faible, mais aussi, et surtout, que la maire actuelle les devance et conserve toutes ses chances.

De même que les primaires ont affaibli les partis qui les ont pratiquées ces derniers temps, la compétition interne risque de faire des dégâts irréversibles dans les rangs de LREM. Tout ça en pure perte quand on sait qu’au bout du processus, ce sera le candidat adoubé par l’Élysée qui gagnera « à la régulière » et qu’il s’appellera Benjamin Griveaux. Cela n’empêche pas un Cédric Villani, véritable Ovni de la politique, de rêver à son destin national. Après tout, si le professeur Tournesol et son improbable lavallière ont su persuader le peuple qu’il était le mieux placé de ses enfants pour représenter ses aspirations en le désignant comme député, tous les espoirs lui sont permis. Reste une question : les ministres ont dû démissionner pour mener campagne. Fort bien. Emmanuel Macron s’appliquerait-il la règle à lui-même, si d’aventure il voulait se représenter ?

 

Commentaires  

#1 spacexdesu1975@gmail 22-04-2019 16:27
Перемены сеют смуту, постоянство - скуку Мне понравилось, нашел здесь похожую статью https://jet-s.ru накрутка твиттер
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