Maison… maison…

Demande ET pour retrouver sa galaxie… Donc même les extraterrestres en ont une !

Dans mon enfance, ce mot désignait la pièce commune où se déroulait l’essentiel de la vie, les autres pièces étaient peu investies, on y dormait, c’est tout.

À bien y réfléchir, cette appellation n’était pas usurpée, puisqu’une maison est censée représenter un ventre protecteur, une sécurité primordiale, un berceau, une citadelle. Elle est investie de charge affective intense, dont les éléments sont la parure.

Au fil des temps, elle change avec nos désirs, c’est notre miroir, qu’elle soit vide, ou désordonnée, elle dit de nous plus que ce que l’on voudrait. On y plante un décor, les meubles que l’on choisit expriment nos goûts, parlent de notre mémoire, de notre histoire familiale et de notre estime de soi. C’est un refuge et une vitrine où se joue la part la plus intime de notre vie, où s’exposent nos valeurs.

La quitter, volontairement ou non, c’est quitter un dedans vers un dehors pour investir un autre dedans, avec le risque de se sentir étranger dans le nouveau chez-soi, et la nostalgie de l’avant. Souvent, la structure familiale est mise à l’épreuve, les enfants, les premiers, souffrent de la perte de ce premier lieu de protection, qui restera le port d’attache de l’enfance.

Les enfants, parlons-en, tous savent très tôt en esquisser une représentation, laquelle est riche d’enseignements sur leur évolution psychologique, leur rapport à la famille, le degré de sécurité ressentie, et bien plus encore ! Éducateurs, parents, psychologues, accordent beaucoup d’intérêt à juste titre aux dessins de maison.

Françoise Dolto raconte le cas d’un enfant confié à un psychothérapeute pour énurésie. Impuissant à résoudre le problème ce dernier demande conseil à des confrères. S’appuyant sur des dessins de maison ou étrangement un chemin arrivait à côté de la porte d’entrée, Dolto a eu l’idée géniale de suspecter un hypospadias (malformation urinaire) l’enfant faisait pipi « à côté ». Belle image pour montrer comment la maison peut-être une projection inconsciente de notre corps.

Dans l’imaginaire enfantin, la maison tient une place de choix, on la retrouve dans les comptines, les chansons et bien sûr les contes, les trois ours, les trois petits cochons, Hansel et Gretel.

Tantôt refuge, tantôt maison cauchemar, les enfants aiment y jouer avec la peur, comme les héros ils peuvent momentanément l’abandonner, courir vers l’aventure, s’émanciper, grandir. Dans leurs jeux, ils aiment se construire des petites maisons, des cabanes juste assez grandes pour eux, inaccessibles aux adultes, retrouvant le symbole de notre première maison, celui de l’utérus protecteur.

J’ai eu beaucoup de maisons, chaque fois que j’ai pu, j’y ai créé un grand espace de vie commune, comme dans ma maison d’enfance, retrouvant inconsciemment mes racines. La dernière n’échappe pas à la règle, si elle me ressemble c’est flatteur, car elle est claire, accueillante, simple, et ordonnée, juste assez pour laisser un peu de fantaisie. Elle est essentielle à mon équilibre, je n’ose imaginer ce que je deviendrais sans elle et je compatis sincèrement pour tous ceux qui en sont privés, condamnés à l’errance et l’insécurité, car, humble demeure ou palais, une maison c’est le point d’ancrage où la vie peut commencer !

 

L’invitée du dimanche