À la soupe !

Dépêchez-vous, il n’y en aura pas pour tout le monde ! les émissions politiques autour de la crise des gilets jaunes et du « grand débat national » croissent et se multiplient à la télévision. Les représentants du pouvoir se bousculent pour y participer, avec la complicité des animateurs et des journalistes qui ont trouvé un nouvel os à ronger. Comme souvent, tout a commencé avec les chaînes d’information continue, qui sont bien obligées de trouver des séquences à diffuser pour occuper l’antenne. Depuis CNN et la première guerre du Golfe, le rêve de ces chaînes, c’est de pouvoir alimenter ce Moloch 24 heures sur 24.

Mais on n’a pas tous les jours un conflit planétaire armé à se mettre sous la dent, et il faut bien faire avec ce que l’on a. Alors, un show man comme Emmanuel Macron, c’est pain béni pour BFMTV, LCI ou France 24. Rendez-vous compte. Il peut tenir l’antenne à lui seul pendant 6 ou 7 heures, avec quelques faire-valoir ou comparses malgré eux. Et ça marche ! paradoxalement, toutes les enquêtes d’opinion démontrent que la parole politique est considérablement démonétisée et que le public ne fait pas confiance aux médias en général et aux journalistes en particulier, mais cela ne l’empêche pas de suivre attentivement les développements d’un psychodrame politique, comme il le ferait d’un feuilleton ou d’un « soap opéra » du bon vieux temps des telenovelas importées d’Amérique du Sud. Les chaînes généralistes ne pouvaient pas laisser passer ce train sans y monter. C’est Léa Salamé qui s’en est chargée sur France 2 en animant « l’émission politique » spéciale grand débat en compagnie de Thomas Sotto. Ne comptez pas sur moi pour vous résumer ce qui s’est apparenté à un dialogue de sourds, je suis gavé, là, j’ai les dents du fond qui baignent. Je ne compte pas davantage regarder l’émission de Cyril Hanouna que je trouve particulièrement crispant, la présence à ses côtés d’une secrétaire d’État, outre qu’elle témoigne d’un mélange des genres pour le moins discutable, n’est pas de nature à me le rendre plus supportable.

Contrairement aux complotistes qui sévissent sur les réseaux sociaux, je ne pense pas qu’il existe une conspiration qui relie secrètement les tenants du pouvoir et les membres d’une sorte de confrérie médiatique. Il se trouve que leurs intérêts sont ponctuellement liés, les uns, pour récupérer une popularité grandement écornée par une politique plus que contestable, les autres, pour redorer leur blason et conquérir des parts de marché négociables par leurs employeurs. Que sortira-t-il de cette émulsion médiatique ? Les Français ne se font guère d’illusions, et à mon avis, ils ont raison.