Il fait beau, là-haut ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 8 janvier 2019 10:55
- Écrit par Claude Séné
Vous avez peut-être entendu cette question adressée à une personne très grande de la part d’un individu de taille moyenne comme vous et moi. Une manière de prendre sa revanche sur une situation manifestement déséquilibrée en se payant la tête de quelqu’un qui vit dans une sphère à laquelle on n’a pas accès, dans les nuages. C’est apparemment le cas de Chantal Jouanno, ancienne ministre, et présidente de la Commission nationale du débat public, dont le salaire fait polémique depuis qu’il a été rendu public.
Elle touche 176 000 euros annuels, soit 14 666 euros bruts par mois, à peine moins que le président de la République ou le Premier ministre, qui culminent à 15 410 euros mensuels, pour organiser le fameux débat voulu par le pouvoir et dont on soupçonne qu’il est déjà verrouillé. Outre que cette rémunération parait largement excessive aux yeux de ceux dont elle est chargée de recueillir l’avis, en particulier ceux qui tirent le diable par la queue depuis toujours, c’est son argumentaire qui laisse rêveur. Bien qu’elle déclare « comprendre que son salaire puisse choquer » et que ce sont « les autorités » qui l’ont fixé, elle ajoute très maladroitement qu’elle souhaite que les gens « disent en quoi ça les choque ». Sérieux ? Elle n’en a même pas une petite idée ? N’a-t-elle pas remarqué qu’elle va toucher 10 fois le SMIC pour un travail de larbin, pardon aux vrais domestiques qui effectuent un travail utile, bien qu’assujetti à une exploitation sociale, soumis aux fameuses autorités qui l’ont engagée ? C’est bien le problème. Quand on gravite dans les sommets, on finit par ne même plus se rendre compte de la vie que mène le petit peuple dans les tréfonds de la société.
Cette forme d’inconscience se retrouve dans les déclarations du Cardinal Barbarin, jugé en ce moment pour non-dénonciation de crimes pédophiles dans le cadre de son ministère religieux. Il ne voit pas de quoi il est coupable. Cette forme de cécité est passible de sanctions devant le tribunal correctionnel. Pour sa défense, Philippe Barbarin fait valoir qu’il n’a pas caché les faits, ni cherché à les couvrir. C’est insuffisant aux yeux de la loi des hommes qui lui impose, comme à toute personne informée de la commission d’un crime ou d’un délit, de porter ces faits à la connaissance de la justice. Même s’il s’est réjoui publiquement que les actes répréhensibles fussent « heureusement » prescrits, ce n’est pas à lui d’en juger. Et sur le plan moral, s’il croit encore en l’existence d’un Dieu et du jugement dernier, il doit avoir quelque difficulté à se regarder dans une glace, sauf si lui aussi, il a été gagné par l’ivresse des sommets.
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