La violence des autres

Tout le monde condamne la violence… du camp opposé. Sur l’air du « tu me fais mal, c’est de ta faute », chacun rejette la responsabilité des violences sur l’autre. Lorsque la violence est exercée par le camp des institutions, elle change de nom. Les gendarmes et les CRS, quand ils reçoivent l’ordre de disperser les manifestants, préviennent les gens qu’ils vont désormais « faire usage de la force ». Les historiens du mouvement ouvrier ont régulièrement parlé de « violence institutionnelle » pour décrire le comportement de l’état qui amène à des soulèvements populaires.

Du côté des policiers, on préfère parler de maintien de l’ordre, y compris quand leur intervention débouche sur le plus grand désordre qui soit. Du côté des manifestants, on s’applique à distinguer le bon grain des braves citoyens exprimant pacifiquement leurs revendications, de l’ivraie des casseurs de tout poil motivés par des instincts belliqueux ou l’appât du gain au cours de pillages plus ou moins prémédités. Les derniers rebondissements des manifestations de gilets jaunes n’ont pas fait exception à la règle. Le gouvernement s’applique à discréditer le mouvement de contestation en montant en épingle des évènements, certes regrettables, mais qui ne représentent pas nécessairement les motivations des protestataires, dont beaucoup sont les premiers à regretter les débordements qui nuisent à leur image. Accuser les gilets jaunes de vouloir renverser la République est manifestement contraire au simple bon sens, à moins de confondre les institutions avec les personnes qui les administrent, qui, elles, sont soumises légitimement à la critique. Si Monsieur Griveaux a cristallisé la colère des manifestants qui s’en sont pris à son ministère, la violence verbale dont il a fait preuve y est probablement pour quelque chose.

À l’inverse, il serait abusif de décréter que la démocratie et la liberté d’expression sont bafouées parce que la répression policière semble avoir franchi un palier depuis que ce gouvernement a décidé de frapper plus fort. Une expression qui semble avoir été prise au pied de la lettre par ce commandant de police à Toulon, que l’on voit sur des vidéos amateurs faire le coup de poing à la manière d’un Alexandre Benalla. Pour le moment, les contestataires sont protégés par une arme absolue : il subsiste encore 55 % de Français qui soutiennent leur action, malgré la propagande intensive et les images qui tournent sur les chaînes d’information. Pour plus de la moitié de la population, les violences, qui sont cependant condamnées, ne remettent pas en question la justesse des revendications. Par ailleurs, une majorité ne croit pas que le fameux grand débat voulu par Emmanuel Macron apportera des solutions aux problèmes qu’ils rencontrent. Il faudra trouver autre chose pour sortir de l’impasse. Et pourquoi pas une vraie négociation ?

Commentaires  

#1 jacotte86 07-01-2019 10:34
avec qui?
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