Dommages collatéraux

Le tsunami Houellebecq a tout emporté sur son passage. Son dernier roman s’arrache dans les librairies, et tout le monde a été informé de son jugement définitif sur Niort, une des villes les plus laides qui lui ait été donné de voir. Allez donc publier un bouquin en ce moment qui puisse lui faire concurrence, voire seulement exister dans le flot des sorties de la deuxième rentrée littéraire. Ne cherchez pas, il faut faire le buzz comme on dit joliment. La mouche du coche s’appelle Yann Moix et il n’a pas hésité à faire l’unanimité contre lui.

Dans une interview à Marie-Claire, le quinqua déclare être incapable d’aimer une femme de son âge, car son corps n’est, selon lui, « pas extraordinaire », contrairement à celui d’une femme de 25 ans, surtout si elle est asiatique, car il recherche de préférence des Coréennes, des Chinoises ou des Japonaises. Je laisse à ce mufle ses fantasmes inavouables, mais sa goujaterie ne pouvait pas manquer d’engendrer des réactions et de lui attirer les foudres de tous ceux que révolte un tel sexisme doublé d’un jeunisme suspect. C’était bien le but, et il n’a pas dû être déçu. Certaines, comme Valérie Damidot, lui attribuent un « micro kiki », d’autres, comme Marina Foïs, ont ironisé sur le court délai qui leur reste pour coucher avec l’écrivain avant d’être atteinte par la limite d’âge. La romancière Colombe Schneck a même posté une photo de son postérieur, ma foi très présentable, pour démontrer que l’on pouvait être sexy à cinquante ans. Alors, c’est vrai, on parle de lui, et de sa misogynie. L’ancien chroniqueur d’« On n’est pas couché » s’est fait une spécialité des propos polémiques, comme ses prédécesseurs, les z’Éric, Naulleau et Zemmour, probablement conscient que son seul talent ne suffirait pas à faire bouillir la marmite, comme en témoigne l’échec retentissant de son deuxième film, Cinéman, après le succès du premier, Podium.

Un deuxième dommage collatéral est pour moi de tomber d’accord avec Marlène Schiappa, dont la seule apparition a tendance à me donner des boutons. D’autant plus qu’en ce moment, la ministre tire sur tout ce qui bouge. Elle a une sorte de génie pour rendre désagréables les causes les plus nobles qui soient, telles que l’égalité entre les hommes et les femmes dont elle est chargée, en se posant elle-même en victime et en tirant la couverture à elle. C’est ainsi qu’elle s’est indignée à juste titre qu’une femme paraplégique à la suite de violences conjugales puisse être considérée comme partiellement responsable de son préjudice, en oubliant qu’elle fait partie d’un gouvernement qui ferait mieux de modifier les lois qui permettent de telles aberrations que d’en inventer de nouvelles au détriment des plus fragiles d’entre nous.