Rétro

Nous avons commémoré le centenaire de la fin de la Grande Guerre avec un hommage appuyé aux poilus et à tous ceux qui ont été les acteurs ou les victimes de cet immense désastre que l’on espérait alors le dernier. Je ne sais pas si c’est pour être raccord avec une époque ancienne, toujours est-il que le président Macron a cru bon de remettre au goût du jour une expression quelque peu tombée en désuétude en déclarant tout de go à un contradicteur : « le carburant, c’est pas bibi ».

Les plus jeunes n’ont sûrement aucune idée de la référence présidentielle qui évoque un personnage de BD presque aussi vieux que la guerre de 14-18 : Bibi Fricotin. Un héros inventé par l’auteur des célèbres Pieds nickelés, qui semblent avoir bercé l’enfance d’Emmanuel Macron et lui avoir inspiré le néologisme « croquignolesque » qui se réfère davantage à Croquignol, le collègue de Ribouldingue et de Filochard qu’au qualificatif vieilli, mais encore usité de « croquignolet ». On peut s’amuser d’ailleurs à essayer de trouver dans l’entourage et la cour du président les incarnations de ces personnages de bande dessinée. Je verrais bien Christophe Castaner en Gaston la gaffe par exemple. Mais je m’en voudrais de vous mâcher tout le travail. Je vous laisse le soin de chercher qui seraient Pim, Pam et Poum, le capitaine Haddock, les Schtroumfs, Spirou et Fantasio, Mickey et Minnie (j’ai ma petite idée), Pif le chien, Astérix et Obélix, Lucky Luke ou Popeye, Tanguy et Laverdure, et j’en oublie forcément. Vous aurez remarqué que ces personnages datent un peu pour la plupart, et ce n’est pas le moindre des paradoxes que les Français se soient dotés d’un président jeune qui ne jure que par les archaïsmes.

Revenons à l’essence et à l’affirmation selon laquelle Emmanuel Macron ne serait pour rien dans son augmentation. Il faudrait savoir. On ne peut pas un jour revendiquer une fiscalité écologique et le lendemain se laver les mains de toute responsabilité. S’il est exact que la tendance à aligner le prix du diésel sur celui de l’essence remonte au quinquennat précédent, l’actuel président faisait bien partie du gouvernement jusqu’à sa démission en vue de sa promotion personnelle. C’est un peu facile de jouer les Ponce Pilate aujourd’hui. Sans oublier que l’état profite largement des taxes et du supplément de TVA engendré mécaniquement par l’augmentation du prix du baril à la production. Et ce ne sont pas ses calculs d’épicier sur la CSG et la taxe d’habitation qui pourront convaincre les Français de la pertinence de la cherté du carburant à la pompe. Cette politique est illisible, ou alors elle n’est que trop claire : c’est « Bibi » qui fricote dans son coin sur notre dos.