Maréchal, le voilà
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 8 novembre 2018 09:14
- Écrit par Claude Séné
Il n’en rate décidément pas une ! Au cours de son marathon sur le front de la reconquête de l’opinion publique au Nord et à l’Est du pays, le président Macron, qui semble s’être donné pour objectif de convaincre un par un les 67 millions de Français de la pertinence de sa politique, s’est cru obligé de rendre un hommage appuyé au maréchal Pétain, au nom de son rôle à Verdun et malgré la trahison de sa collaboration avec l’Allemagne nazie. L’histoire a tranché. Philippe Pétain a choisi sciemment le côté obscur de la Force, et à jamais.
Impossible de rendre hommage au « héros de Verdun » quand il se trouve être également celui qui a collaboré avec l’ennemi, et a subi pour cela l’indignité nationale. Pour commencer, il faudrait discuter de l’héroïsme supposé de Pétain, alors simple général, quand il est désigné pour défendre Verdun. En pratique, c’est un autre militaire, Castelnau, qui a défini la stratégie avant l’arrivée de Pétain, qui en plus, aurait attrapé froid le jour de sa prise de fonction et serait resté alité avec une forte toux. Y a-t-il d’ailleurs de quoi être satisfait d’une bataille qui a fait autant de victimes, de part et d’autre de la ligne de front, où le principal mérite de l’armée française aura été de tenir en sacrifiant ses soldats et en essayant de tuer le maximum d’adversaires ? Pétain sera l’organisateur de l’intendance et du génie, un rôle qui préfigure celui de gestionnaire de la collaboration pour le régime de Vichy. Pour Clemenceau, « sa valeur militaire est loin d’être exceptionnelle », « il manque de cran », « c’est plus un administrateur qu’un chef ».
Et même à supposer que Pétain ait été un militaire véritablement valeureux, ce n’est pas lui, pas plus que Joffre ou Nivelle qui a gagné la guerre, mais les poilus, ces malheureux troufions sacrifiés par millions dans une boucherie dont les deux pays combattants vont sortir exsangues, saignés à blanc dans un conflit décidé en haut lieu. Plutôt qu’un hommage aux maréchaux de la « Grande Guerre », c’est aux soldats des tranchées qu’il faudrait penser, aux petits, aux obscurs, aux sans-grades, héritiers des grognards napoléoniens, sacrifiés comme eux sur l’autel des ambitions des puissants de ce monde. En saluant la mémoire de Philippe Pétain, alors que personne ne le lui demandait, Emmanuel Macron confirme qu’il n’a pas l’étoffe d’un homme d’État et qu’il manque singulièrement de sens politique. C’est effarant qu’il ait pu accéder à la responsabilité suprême avec aussi peu d’intuition et de flair. C’est aussi très inquiétant de constater qu’il n’y a personne pour le dissuader de commettre de telles bourdes.
Commentaires
je pense que Brigitte va lui remonter les bretelles comme un sal gamin qu'il est