![](/images/breton_assis.png)
Vous pouvez répéter la question
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 5 novembre 2018 11:01
- Écrit par Claude Séné
![](/images/breton_assis.png)
Dans le sketch des Inconnus, la phrase qui me sert de titre aujourd’hui se terminait par un point d’interrogation et la « musique » était également celle d’une question, malgré la forme affirmative couramment employée par paresse verbale. Cette ambiguïté me paraît refléter assez bien le flou qui entoure le référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. On considère habituellement que le vote référendaire est tributaire de la formulation de la question, d’une part, et de qui la pose, d’autre part. Il aura fallu 15 heures de négociations intenses en mars dernier pour aboutir à un compromis sur l’intitulé.
Finalement, la question posée aux Calédoniens était donc : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? » À première vue, une présentation favorable à un vote positif, donc assez fair-play de la part d’un pouvoir central nécessairement porté au maintien en l’état de l’intégrité du territoire national. Quand il s’était agi de l’indépendance de l’Algérie en 1961, la question portait sur l’approbation de la loi soumise par le président de la République, Charles de Gaulle, qui avait décidé d’accorder l’autodétermination aux Algériens. Le référendum se transformait en plébiscite pour ou contre le chef de l’état. Ici, même avec une telle formulation, on s’attendait à une victoire écrasante du non, ne serait-ce que pour des raisons démographiques. Les indépendantistes recrutent leurs adeptes parmi la population autochtone, les descendants des Kanaks, moins nombreux que les « Caldoches », représentant les nouveaux venus, héritiers des colons ou des bagnards notamment. Les jeux semblant faits d’avance, la participation record de 80 % des électeurs inscrits, et le score relativement serré constituent une surprise. Les partisans de l’indépendance sont fondés à espérer avoir gain de cause dans un avenir plus ou moins éloigné.
Les « loyalistes » escomptaient convaincre leurs adversaires d’abandonner les deux autres consultations prévues par les accords de 1988 trouvés avec le Premier ministre de l’époque, Michel Rocard. Une hypothèse à mon avis irréaliste. Les Calédoniens ne renonceront pas à défendre leurs idées, et l’on ne peut pas leur donner tort. La réponse négative à la question posée ne vaut pas adhésion à un maintien dans la République française, et c’est bien là où le bât blesse. Une bonne partie des électeurs a voté « non » par raison, en évaluant la perte de niveau de vie pouvant résulter d’une séparation. C’est le développement du territoire tout entier, et pas seulement celui de Nouméa et de sa région, qui est l’enjeu réel. La question de la souveraineté, pour importante qu’elle soit, ne peut servir d’alpha et d’oméga, sans des moyens autonomes de réussite économique. Faute de quoi, il ne sert à rien de répéter sans cesse la question.