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J’assume
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 26 octobre 2018 10:16
- Écrit par Claude Séné
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Vous l’avez peut-être remarqué, le président de la République a pris l’habitude de déclarer qu’il assume toutes les décisions dont il est l’auteur, direct ou indirect, y compris celles dont il se trouve l’héritier malgré lui. Ainsi, récemment, il s’est trouvé « assumer » la position de la France à l’égard des harkis, une décision dont il n’est évidemment pas à l’origine. À première vue, on serait tenté de saluer le courage de ces déclarations, si l’on ne constatait pas qu’il s’agit en définitive de se défausser totalement des conséquences de ses actes.
Qu’a fait effectivement Emmanuel Macron en faveur des supplétifs algériens pour compenser leur sort difficile sur le sol métropolitain, sinon leur accorder une médaille bien tardive ? Quand le président « assume » la hausse massive des taxes sur le carburant et notamment le gasoil destiné aux véhicules diésel, cela améliore-t-il d’un iota la situation des automobilistes qui n’ont pas d’autre choix que de prendre leur voiture pour se déplacer ? Quand Macron a déclaré « assumer » ses propos sur le Gaulois réfractaire, celui-ci s’est-il senti moins insulté ? Et la photo contestée aux Antilles avec un jeune braqueur de banque et le doigt d’honneur de son copain, son effet est-il meilleur parce que « Manu » l’assume ? Et l’affaire Benalla ? Suffit-il de l’assumer pour en faire un épiphénomène ? Cela dispense-t-il le président de faire la moindre autocritique ? Même un gamin pris la main dans le sac après avoir fait une grosse bêtise a le réflexe de dire pour se faire pardonner qu’il ne le fera plus. N’attendez rien de tel du chef de l’état. Il assume, et tout est dit.
Peut-être ne peut-on exiger qu’il aille jusque-là, mais souvenons-nous de la déclaration de Lionel Jospin au soir du 21 avril 2002, quand il avait assumé la responsabilité de son échec à l’élection présidentielle, et en avait tiré les conséquences en se retirant définitivement de la vie politique. Force est de constater que les mots n’ont pas le même sens quand c’est Emmanuel Macron qui les prononce. Il faut donc traduire cette novlangue en langage courant. Tâche difficile, pour laquelle j’ai trouvé dans la chanson de Bénabar, « politiquement correct » ma pierre de Rosette, celle qui a permis à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes. Il y est dit : « je suis peut-être, politiquement correct, mais moi j’t’emmerde ». Bon sang, mais c’est bien sûr ! Quand Macron dit « j’assume », cela veut dire : « je vous emmerde », « je fais ce que je veux », « vous avez voté pour moi, tant pis pour vous », et soudain, tout devient plus clair. J’aimerais que les Français disposent d’un traducteur, comme pour la langue des signes, quand ils entendent pérorer leur président.