Éternel féminin
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 23 septembre 2018 09:53
- Écrit par L'invitée du dimanche
À flirter avec les héroïnes du théâtre classique jusqu’à la fin de l’été, j’en ai loupé la rentrée traditionnelle ! Tant pis, je veux même rester encore aujourd’hui avec ce thème de la femme dans la littérature. Elle a de tout temps été l’inspiratrice des écrivains, mais ils en ont présenté des visages souvent stéréotypés. En s’éloignant de l’inspiration de la littérature antique, ils ont peint la femme avec ses défauts, quand elle ose se situer en dehors des normes féminines, elle termine dans le malheur… ou ils la réduisent à une forme d’objets ou de mythe : c’est une femme admirable, dévouée, dédiée à l’homme, sublime, parce que souffrante, inégalable quand elle est mère…
Stendhal, Balzac, Flaubert, Zola, tous les grands auteurs du XIXe siècle, ont été largement inspirés par des héroïnes reflétant la situation de la femme au XIXe siècle.
Quelques exemples :
Madame de Rênal est une femme délicate, intelligente, épouse et mère exemplaire, qui succombe à son amour pour un jeune homme, qui connaît le remords et qui, même trahie, suit son amant dans la mort (il y a là des accents cornéliens).
Eugénie Grandet est une fille pure, bonne, soumise, qui restera fidèle à sa passion, même trahie par son amour elle finira sa vie dans la solitude.
Madame Bovary, intelligence cultivée, s’ennuie avec un mari insipide, elle sacrifie son honneur à son amour, et trahie elle aussi terminera sa vie en s’empoisonnant.
Au XXe siècle, finie la clandestinité qui déjà au 17e avait obligé Madame de La Fayette à publier « la princesse de Clèves » (premier roman non inspiré par l’histoire antique) anonymement, qui obligera Jane Austen à ne jamais mettre son nom sur son œuvre et qui contraindra les sœurs Brontë à se faire passer pour des hommes pour pouvoir être éditées.
Une place va enfin être faite aux écrivaines, dans le désordre et non exhaustif, Beauvoir, Colette, Sagan, Yourcenar, Duras… pour que les stéréotypes soient cassés, et que, devenues auteurs, elles écrivent ce qu’elles veulent, se représentent elles-mêmes aussi bien dans leur superficialité que dans leur combativité.
Leurs héroïnes sont indépendantes, intelligentes, drôles comme Jo March, des quatre filles du docteur du même nom, effrontées, rebelles comme Élisabeth Bennett d’un « orgueil et préjugés », combatives, assumant leurs passions, résistantes, à l’image d’Antigone d’Anouilh ou de Lisbeth Salander… illustrant le propos de Simone de Beauvoir : « la femme ne peut pas s’accomplir si elle se borne à être épouse et mère ». La littérature du XXIe siècle élargira la place des écrivaines, mais la bataille n’est pas tout à fait gagnée, on compte seulement 10 femmes prix Nobel de littérature, et depuis 1980, entrée de la première femme à l’Académie française, elles ne sont aujourd’hui que 4 sur 40 membres. Comme on n’est jamais si bien servi que par soi-même, Mesdames, à vos plumes pour nous parler de nous.
L’invitée du dimanche