Plus on est de fous…

Moins il y a de riz, disait Coluche. Et la sagesse populaire d’ajouter que tous les fous ne sont pas enfermés, ce qui est une évidence. Faut-il pour autant soumettre tous les hommes et femmes politiques à un examen psychiatrique ? C’est la question soulevée par la convocation envoyée à Marine Le Pen pour une expertise de sa santé mentale dans le cadre d’une mise en examen. Rappelons que la présidente du Rassemblement national avait publié un tweet montrant des images d’exécutions sommaires perpétrées par Daech, dans le but officiel de dénoncer ces pratiques.

En réalité, le message subliminal était de stigmatiser la communauté musulmane en pratiquant l’amalgame habituel. Cela fait-il de Marine Le Pen une psychopathe en puissance ? L’objet de l’examen est de déterminer si le sujet possède des capacités de discernement et si des éléments de sa biographie peuvent éclairer son attitude. Même si la procédure est légale, elle ne peut que servir le processus de victimisation régulièrement invoqué par le parti de Mme Le Pen. Je ne crois pas que le Front national soit composé de malades mentaux dans le sens qu’on lui donne habituellement, et il n’en est que plus dangereux. Ses membres jouent avec le délire de persécution, mais pour en faire une arme politique et en espérant se rendre ainsi plus sympathiques. La psychiatrie a souvent été utilisée par des régimes totalitaires pour stigmatiser et isoler des opposants, et c’est évidemment une pratique haïssable. Ne donnons pas à l’extrême droite une occasion de se faire plaindre et de passer pour une victime comme elle le souhaiterait. Tout cela pour rien, puisque Marine Le Pen, comme elle en a le droit, n’a aucune intention de se prêter à l’examen.

Une stratégie inverse de celle utilisée par Donald Trump, le célèbre humoriste dont nous célébrions les dernières blagues ici même pas plus tard qu’hier, qui, lui, a choisi de passer un test pour couper court aux rumeurs concernant ses inaptitudes à exercer le pouvoir. Une pétition en ligne, signée par 60 000 psychologues et psychiatres américains demandait en janvier 2017 la destitution du président pour cause de troubles mentaux graves. Selon un diagnostic effectué à distance, Donald Trump serait un narcissique « malfaisant », antisocial, agressif et sadique. Le président américain, en effet, ne rate pas une occasion de se vanter de son « super cerveau » et de sa brillante intelligence qui le dispense d’écouter qui que ce soit. Pour prouver ses assertions, il a donc décidé de passer un test cognitif mis au point par des chercheurs canadiens pour détecter des cas de démence. Et devinez quoi ? Il a été brillamment reçu avec les félicitations du jury, en l’occurrence le médecin officiel de la Maison-Blanche, qui a donc conservé son emploi, contrairement à de nombreux collaborateurs du Président, remerciés pour avoir contredit leur patron.