L’heure des comptes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 7 septembre 2018 09:50
- Écrit par Claude Séné
Elle approche en ce qui concerne les affectations des nouveaux bacheliers. Vous vous souvenez des effets de manche et des grandes promesses qui avaient été faites aux futurs étudiants. Combien le gouvernement avait fustigé l’ancien système qui en était réduit à procéder à des tirages au sort pour départager les candidats dans les filières les plus demandées. Une situation scandaleuse en effet, qui instituait une sélection déguisée, faute d’avoir prévu en amont le nombre de places nécessaires pour accueillir correctement les étudiants, de façon à en décourager le plus possible.
Tout ça, c’était fini. Le nouveau dispositif, baptisé Parcours sup, allait offrir une place à tous les bacheliers, de telle sorte qu’il ne resterait personne sur le carreau. À l’issue de la phase principale, qui s’achevait mercredi dernier, la ministre de l’Enseignement supérieur devait donc annoncer le nombre de bacheliers sans affectation, sachant que l’ancien système avait casé tout le monde, à l’exception de 3700 d’entre eux. Il convenait donc d’annoncer un chiffre inférieur pour démontrer la supériorité du nouveau sur l’ancien. C’est chose faite avec un « bon » 3674 recalés, arrondi à 3000 par la ministre, Frédérique Vidal. Tout ça pour ça ? Ben oui. Et si l’on tient compte des tours de passe-passe, et de l’escamotage des candidats dissuadés ou qui prennent une orientation par défaut, les résultats ne sont pas plus brillants aujourd’hui qu’hier. Sur plus de 800 000 inscrits sur la plateforme Parcours sup, 300 000 bacheliers n’auront pas reçu de proposition correspondant à leurs souhaits. Certes, Admission Post Bac ne faisait pas mieux, mais où sont les belles promesses, et fallait-il changer pour changer ?
Un autre indicateur inquiétant, c’est celui des places vacantes. 127 000 places libres, pour lesquelles on n’a pas trouvé de candidats ayant le profil souhaité. Une démonstration de plus que le souci de l’administration et du ministère n’est pas d’offrir des projets d’études et de formation adaptés aux étudiants réels qui souhaitent s’inscrire, mais à des étudiants virtuels, susceptibles de convenir aux besoins de la société, en leur forçant la main si nécessaire. Tant que nous restons dans le cadre de la scolarité obligatoire et même un peu au-delà, la doctrine veut que l’école soit ouverte à tous et tente de faire progresser tous les élèves, quels que soient leur niveau de départ et leurs conditions de vie. Cette ambition disparait dans l’enseignement supérieur, alors que les étudiants sont incités à croire le contraire puisque les dirigeants refusent d’admettre qu’ils s’accommodent très bien d’une sélection et même qu’ils la souhaitent et l’organisent hypocritement. La seule chose qu’ils redoutent, c’est de provoquer la colère des jeunes, dont on ne sait jamais jusqu’où elle peut les amener. On préfère donc acheter leur silence en les exonérant de cotisations de Mutuelle, sans se soucier des conséquences.