Les grandes vacances de Monsieur Hulot

Alea jacta est, le sort en est jeté, Nicolas Hulot a franchi le Rubicon, mais en sens inverse des généraux romains qui devaient abandonner leurs armes avant de rentrer dans Rome. Il vient en effet d’annoncer son départ du gouvernement, ce qui est tout sauf une surprise. Je me souviens avoir écrit ici même que la question n’était pas de savoir si Nicolas Hulot démissionnerait de son poste de ministre de la Transition écologique, mais quand ? Je me trompais. La véritable question, et la plus intéressante, c’était : comment ?

Nicolas Hulot a pris tout le monde de court. Il n’a pas informé le Premier ministre, ni le Président de sa décision, ni même son entourage proche y compris sa propre épouse. Il n’a pas davantage prévenu les journalistes chargés de le questionner sur l’antenne de France Inter, et pour cause. Si les raisons profondes de son départ sont connues depuis longtemps, il semble que sa décision ait été prise dans l’instantanéité de l’interview. Amené à tirer le bilan de son action depuis sa nomination, Nicolas Hulot a fait pour la énième fois le constat que son action avait été cantonnée à des avancées subalternes et qu’à aucun moment, ni le président ni le gouvernement n’avaient donné le sentiment d’accorder la priorité aux questions écologiques. Jusqu’à présent, il se contentait de dire qu’il y réfléchirait et qu’il en tirerait les conséquences le jour où il aurait l’impression que son activité ne débouchait pas sur des progrès significatifs. Et ce jour est arrivé.

Vous savez ce que c’est. Un petit évènement vient s’ajouter à tous les autres et subitement on ne supporte plus l’insupportable. Nicolas Hulot a avalé un nombre considérable de couleuvres depuis son entrée au gouvernement, et c’est un méchant petit orvet qui semble s’être bloqué dans son œsophage. Il était convié à une réunion portant sur la chasse et n’a pas digéré la présence d’un lobbyiste qui n’avait pas été invité, mais qui illustre l’influence notoire des groupes de pression sur le gouvernement. Une dernière frustration qu’il a dû ruminer toute la nuit, qui lui a visiblement porté conseil. Habituellement, les hommes politiques manient le : « retenez-moi, ou je fais un malheur », en espérant qu’il y aura vraiment quelqu’un pour les empêcher de passer à l’acte. Nicolas Hulot a fait exactement le contraire. En ne prévenant personne, il s’est évité de devoir négocier un départ qu’il veut définitif et sans appel. Peut-être voulait-il aussi en annonçant publiquement sa décision brûler ses vaisseaux en la rendant irrévocable. Il annonce une sorte de retraite pour ne pas gêner le gouvernement, mais pourra-t-il se retenir de dénoncer les atteintes à l’environnement ? On espère que non.

Commentaires  

#4 poucette 28-08-2018 19:40
il y a mis le temps mais finalement ça tombe bien. pour mettre un petit peu les pieds dans le plat on peut prendre ça comme une bonne nouvelle assez rare en ce moment
Citer
#3 poucette 28-08-2018 19:35
il a mis du temps mais finalement ç tombe bien....on se réjouit comme on peut par ce temps de mauvaises nonvelles
Citer
#2 Lalou 28-08-2018 14:55
Claude, es-tu le seul à qui N.H. avait annoncé son départ? En tout cas, bravo pour ta réactivité!!!
Citer
#1 jacotte 86 28-08-2018 10:51
il a très bien expliqué les raisons qui l'ont amené à démissionner ce qui restaure un peu l'idée que je me faisais de la sincérité de ses convictions... ce qui me gène et modère sérieusement mon admiration c'est la déclaration de ses amitiés et soutien aux dirigeants de ce pays... encore un effort monsieur Hulot pour être un vrai humaniste
Citer