Les grandes vacances de Monsieur Hulot
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 28 août 2018 10:08
- Écrit par Claude Séné
Alea jacta est, le sort en est jeté, Nicolas Hulot a franchi le Rubicon, mais en sens inverse des généraux romains qui devaient abandonner leurs armes avant de rentrer dans Rome. Il vient en effet d’annoncer son départ du gouvernement, ce qui est tout sauf une surprise. Je me souviens avoir écrit ici même que la question n’était pas de savoir si Nicolas Hulot démissionnerait de son poste de ministre de la Transition écologique, mais quand ? Je me trompais. La véritable question, et la plus intéressante, c’était : comment ?
Nicolas Hulot a pris tout le monde de court. Il n’a pas informé le Premier ministre, ni le Président de sa décision, ni même son entourage proche y compris sa propre épouse. Il n’a pas davantage prévenu les journalistes chargés de le questionner sur l’antenne de France Inter, et pour cause. Si les raisons profondes de son départ sont connues depuis longtemps, il semble que sa décision ait été prise dans l’instantanéité de l’interview. Amené à tirer le bilan de son action depuis sa nomination, Nicolas Hulot a fait pour la énième fois le constat que son action avait été cantonnée à des avancées subalternes et qu’à aucun moment, ni le président ni le gouvernement n’avaient donné le sentiment d’accorder la priorité aux questions écologiques. Jusqu’à présent, il se contentait de dire qu’il y réfléchirait et qu’il en tirerait les conséquences le jour où il aurait l’impression que son activité ne débouchait pas sur des progrès significatifs. Et ce jour est arrivé.
Vous savez ce que c’est. Un petit évènement vient s’ajouter à tous les autres et subitement on ne supporte plus l’insupportable. Nicolas Hulot a avalé un nombre considérable de couleuvres depuis son entrée au gouvernement, et c’est un méchant petit orvet qui semble s’être bloqué dans son œsophage. Il était convié à une réunion portant sur la chasse et n’a pas digéré la présence d’un lobbyiste qui n’avait pas été invité, mais qui illustre l’influence notoire des groupes de pression sur le gouvernement. Une dernière frustration qu’il a dû ruminer toute la nuit, qui lui a visiblement porté conseil. Habituellement, les hommes politiques manient le : « retenez-moi, ou je fais un malheur », en espérant qu’il y aura vraiment quelqu’un pour les empêcher de passer à l’acte. Nicolas Hulot a fait exactement le contraire. En ne prévenant personne, il s’est évité de devoir négocier un départ qu’il veut définitif et sans appel. Peut-être voulait-il aussi en annonçant publiquement sa décision brûler ses vaisseaux en la rendant irrévocable. Il annonce une sorte de retraite pour ne pas gêner le gouvernement, mais pourra-t-il se retenir de dénoncer les atteintes à l’environnement ? On espère que non.
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