Dieu reconnaitra les siens

Pour illustrer le sujet de la laïcité, le service public de radiodiffusion, France Inter en l’occurrence, n’avait pas trouvé de meilleur exemple qu’un reportage réalisé dans une école catholique de Marseille, qui présente la particularité d’accueillir 80 % de musulmans. Curieux choix, qui semblerait accréditer sournoisement la thèse selon laquelle les écoles publiques seraient des repaires de « laïcards » intolérants, dans lesquelles les religions ne seraient ni admises, ni respectées. Pour avoir exercé dans des établissements situés en zone prioritaire et fréquentés par une population similaire, je peux attester du contraire.

Une première remarque sur ce taux de 80 % de musulmans annoncé par l’établissement en question. Il est déduit du questionnaire d’entrée, où l’élève est invité à renseigner sa religion, une information personnelle dont l’école ne devrait avoir que faire. En effet, le « cathé » n’est pas et ne peut pas être obligatoire, par contre, l’histoire des religions, si. Je serais très curieux de pouvoir y assister et savoir comment, au-delà du respect des croyances et des pratiques religieuses, peuvent être présentées et défendues les valeurs de la laïcité et de l’esprit républicain, ainsi que le droit à la non-croyance. Mais passons. L’établissement marseillais est une école privée sous contrat d’association, ce qui signifie qu’il bénéficie des mêmes financements qu’un établissement public, sous condition de dispenser un enseignement basé sur les mêmes programmes, et soumis à un contrôle de l’état. En clair, il exerce une fonction de service public par délégation et rien ne devrait le différencier en théorie d’une école 100 % publique. Quel est alors l’intérêt pour les parents de se tourner vers l’enseignement privé ? Pas un intérêt financier, puisqu’à l’exception des familles « nécessiteuses », il leur faut payer des frais de scolarité, jusqu’à 1000 euros par an dans cette école marseillaise, quand l’école républicaine est obligatoire, certes, mais aussi gratuite.

Il ne reste donc que l’argument moral. Pas celui de la croyance, puisque les familles musulmanes devraient dans ce cas se tourner vers des écoles confessionnelles, comme le font beaucoup de familles juives. Dans l’esprit de certains parents de milieux populaires, les écoles catholiques ont la réputation de « tenir » plus sévèrement les élèves, et aussi d’être « mieux fréquentées ». Un argument qui s’autodétruit dans la mesure où les enfants dits « difficiles » vont finir par y être en majorité, changeant seulement le ghetto de place. Je reste persuadé que si l’on donne aux écoles publiques les moyens nécessaires, notamment en encadrement, les règles de laïcité permettent à tous les élèves de se sentir acceptés, quelle que soit leur religion ou leur absence de religion. Libre à chacun de pratiquer, hors les murs de l’école.

Commentaires  

#1 jacotte 86 04-06-2018 11:38
on est passé de l'école des"coincs" comme on appelait les écoles chrétiennes à l'école privée modèle de laïcité ,on croit rêvé!
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