Laissez-moi rêver

Et pour cela, d’abord laissez-moi dormir, puisque le rêve est une activité psychique qui s’élabore au cours du sommeil, accompagné d’images, de sentiments, témoins de la vie affective du rêveur.

Petit récapitulatif pour mieux comprendre cette activité. Dans chaque cycle de sommeil, il y a quatre phases : 1 c’est l’endormissement, 2 le sommeil lent léger dans lequel on perd contact avec la réalité, 3 le sommeil lent profond au cours duquel on est difficile à réveiller, c’est le plus récupérateur, 4 le sommeil paradoxal qui prend 25 % du temps de notre sommeil, c’est la tempête du sommeil, les yeux bougent et dans cette phase on se souvient de ses rêves, pratiquement impossible dans les rêves du sommeil lent, au cours du sommeil paradoxal s’élabore un travail important du cerveau qui mémorise des procédures, des raisonnements, des savoir-faire, retrouve les apprentissages de la journée et procède à un nettoyage en éliminant les surcharges du réel. On connaît ainsi quatre à six cycles. Chaque cycle est entrecoupé d’une phase de semi-éveil, à la fin de laquelle on peut se rendormir.

Bien que l’on puisse remonter jusqu’à Platon, qui définissait le rêve comme un lieu où les désirs réprimés le jour se réalisent, l’intérêt pour les rêves est devenu important à partir de la psychanalyse freudienne et jungienne.

Pour Freud l’interprétation du rêve est la voie royale qui mène à l’inconscient, ni dénué de sens ni absurde, il faut élucider le contenu latent derrière le contenu manifeste, pour Jung, porte ouverte sur l’inconscient, la fonction du rêve est de rétablir l’équilibre psychique avec le matériel onirique, le rêve participe au développement de la personnalité.

La neurophysiologie bien sûr fait une large place à l’étude du cerveau, au niveau biochimique, biologique, anatomique. Toutes les phases sont propices au rêve, mais la mémorisation la plus facile est celle qui est la plus près du réveil.

On voudrait comprendre ses rêves, on a un dialogue singulier avec eux dont le départ est souvent puisé dans le vécu récent et dont un détail réapparaît dans la réalité (ce qui faisait dire à ma mère : « mon rêve est effacé » ce qui était une façon de s’en débarrasser), on cherche les clés avec un souvenir souvent lacunaire, leur portée symbolique est incontestable, l’oniromancie et les onirothérapeutes, la psychanalyse et de nombreux ouvrages, proposent de nous aider dans leur interprétation.

Il arrive que le rêveur sache qu’il rêve et contrôle le contenu et le déroulement de son rêve, on prolonge l’état d’autant plus s’il est agréable, on parle de rêve lucide. Ce que l’on ne cherche pas à faire avec le cauchemar (rêve à forte charge anxieuse qui n’existe que dans le sommeil paradoxal) différent des terreurs nocturnes qui surgissent dans le sommeil lent profond.

La privation de sommeil pouvant conduire dans ses conséquences à la mort, c’est donc une activité vitale accompagnée toujours d’une activité onirique, aide précieuse à la compréhension de ce que nous sommes et à la structuration de notre psychisme.

On fait aussi des rêves éveillés, comme Martin Luther King, osant imaginer un monde différent, on a tous besoin nous aussi de ces rêves-là, pour ouvrir un espace d’espoir.

Devinez à quoi je rêve en ce moment ! Et vous à quoi rêvez-vous quand vous ne dormez pas ?

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#1 Claude 22-04-2018 10:24
Une question et une réflexion qui me renvoient à une chanson de Kent, et ce n'est probablement pas une coïncidence:
"A quoi rêvons-nous, quand nous ne dormons pas ?
A la vérité idéale, celle qu'on ne montre pas."
https://www.youtube.com/watch?v=JKhRxKidVkY
Citer