Monseigneur Macron ?

Faudra-t-il appeler Monseigneur le chef de l’état ? Devant la conférence des évêques de France, Emmanuel Macron a tenu un discours que n’aurait pas désavoué le pape en personne, tant il était empreint d’une componction bienveillante destinée à s’attirer les faveurs de la hiérarchie catholique et si possible du peuple des chrétiens, dont le poids électoral, bien que déclinant, n’est pas quantité négligeable. Si l’on en croit le président de la République, « le lien entre l’église et l’état s’est abimé », un lien qui, fort heureusement et depuis 1905, n’est plus organique.

Doit-on en conclure qu’Emmanuel Macron regrette le temps où la France était encore la fille aînée de l’église ? Ou, plus prosaïquement, ambitionne-t-il de ramener au bercail les brebis égarées de la manif pour tous qui ont écouté les sirènes du Front national ? La France est un des rares pays au monde où la laïcité de l’état est inscrite dans la constitution, ce qui garantit l’exercice des divers cultes, mais aussi la liberté d’être libre penseur, athée, agnostique, mécréant, ou de ne pas être catalogué selon sa croyance. Pour ce qui me concerne, c’est un privilège inestimable, si je compare notre situation avec celle de l’Égypte où l’on est libre de pratiquer la religion de son choix, mais pas de n’en déclarer aucune. L’athéisme peut vous conduire directement en prison. Il est donc plus prudent de choisir une des trois religions reconnues officiellement : l’islam, le christianisme ou le judaïsme. Si vous choisissez l’Islam, sachez que c’est pour la vie. L’apostasie est passible de la peine capitale.

Nous n’en sommes pas à de telles extrémités en France. La stricte séparation des pouvoirs laïcs et religieux nous en préserve et je n’ai aucune nostalgie sur le bon vieux temps de l’inquisition. On peut toutefois observer que les chefs d’état français qui se sont succédé depuis l’avènement de la république étaient tous, sauf erreur, de confession catholique, pratiquant leur foi à des degrés divers, alors que, dans le même temps, le fait religieux n’a cessé de décliner dans l’ensemble de la population. Ce manque de diversité explique peut-être la tentation permanente de faire une place particulière aux religions et principalement au catholicisme. L’image des différents présidents français assistant aux offices religieux es qualité, finit par imposer insidieusement l’idée qu’il s’agit plus ou moins d’une religion officielle, en dépit de la Constitution. En s’adressant spécifiquement aux catholiques, Emmanuel Macron impose de façon subliminale une vision de la société où les individus seraient répertoriés en fonction de leur croyance, indépendamment de toute autre considération, ce qui est, à mon sens, une rupture du pacte républicain où tous les citoyens sont réputés égaux en droit, même si, dans les faits, il reste beaucoup à faire.

Commentaires  

#1 jacotte 86 11-04-2018 14:07
ça me donne envie de hurler...jusqu'ou osera-t-il aller?
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