Fâchons-nous !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 30 juillet 2017 10:17
- Écrit par L'invitée du dimanche
Par cette injonction, je vous invite à faire un petit voyage vers la colère, cette autre émotion de base connue de tous les humains.
C’est une émotion secondaire déclenchée par la peur ou la tristesse. Elle traduit une insatisfaction, avec les nuances qui vont de l’indignation à l’exaspération en passant par le mécontentement, la rage, la hargne. Chaque fois, il y a frustration provoquée par le décalage de la réalité telle qu’elle est, de celle que l’on voudrait. Elle nous indique qu’une limite a été franchie, on a dépassé l’envahissement de nos frontières, on se sent agressé, floué, derrière la colère se cache toujours une part de notre vulnérabilité. Elle masque un besoin de reconnaissance et d’affirmation de soi.
Comme toutes les émotions, elle nous aide à nous adapter à chaque épisode de notre vie, elle fait partie du système de guidage pour atteindre la principale destination : la satisfaction de nos besoins.
On la dit mauvaise conseillère, ou encore, qu’elle est aveugle, qu’il faut la ravaler, la refouler, la décharger par des activités physiques ou intellectuelles de diversion, le yoga et la méditation sont souvent conseillés. Ces démarches ne font que nourrir la frustration et le ressentiment qui nous mènent vers le stress, et nous conduisent souvent vers l’anxiété, la mauvaise humeur, les insomnies et de toute façon les colères rentrées réapparaîtront. Alors, il faudrait peut-être au contraire accepter de la ressentir, tout en évitant de réagir à chaud et de s’en prendre parfois injustement à autrui, de se sentir coupable de n’avoir pu l’éviter, gardant ainsi intacte l’estime de soi. Il faudrait se rappeler que la finalité de la colère c’est de rétablir les limites saines avec la cause de la frustration, en recherchant les informations utiles qui vont permettre de comprendre comment, pourquoi, combien je suis affectée, ne pas me tromper de cible, et ne pas oublier l’objectif final, de satisfaction. Il sera alors plus facile de renouer une communication sans agressivité, de s’en servir pour repérer en quoi le monde n’est pas assez bon pour moi ni assez aimant, afin de mettre en route des conduites destinées à influencer ce monde qui nous entoure en tournant le dos à la crainte.
La colère mobilise l’organisme et fournit ainsi l’énergie pour vaincre l’obstacle, y compris sur un plan collectif. Une colère populaire peut donner assez de force à des citoyens pour essayer de changer des comportements ou des décisions politiques. Les politiciens en connaissent le danger et savent bien qu’il est important de la détourner, en utilisant la fameuse formule « donnez-leur du pain et des jeux » vieille comme les Romains, en essayant de partager avec le peuple les moments de joie des événements de masse par exemple. L’avenir nous dira si la liesse des victoires des stades suffira à calmer nos frustrations, ou si nous nous servirons de cette colère que l’Abbé Pierre considérait comme une vertu.
L’invitée du dimanche
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