Les bienfaiteurs de l’humanité
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 29 juin 2017 11:03
- Écrit par Claude Séné
Xavier Niel était l’invité de France Inter ce matin pour promouvoir une nouvelle initiative du self-made-man français devenu milliardaire, en faveur de la création de start-ups, avec l’inauguration de Station F, une sorte de pépinière pour jeunes pousses. Le patron du groupe Free et actionnaire du journal Le Monde entre autres, va investir 250 millions dans l’affaire, à fonds perdu, sans aucun esprit de rentabilisation, gratis pro Deo, en quelque sorte. Et ce n’est pas la première fois que Xavier Niel joue le rôle du mécène.
Déjà, en 2013, il crée l’école 42, un établissement destiné à financer une formation gratuite au codage informatique pour des jeunes défavorisés. Cela coûte 70 millions d’euros, pris sur ses fonds propres. Évidemment, ces sommes qui nous paraissent colossales ne sont qu’une infime partie de la fortune de Xavier Niel, la dixième de France, évaluée à 9,4 milliards en 2017, soit une augmentation de 31 % par rapport à 2016. Ce qui veut dire que Xavier Niel peut encore dépenser à sa guise plusieurs milliards sans affecter outre mesure son patrimoine. Car les plus grosses fortunes de France ne reposent pas sur la croissance de leurs activités, mais sur l’accroissement mécanique dû au système boursier. C’est ainsi que Bernard Arnault a repris la tête du classement grâce à un bond de 55 % de son patrimoine, tandis que Liliane Bettancourt ne progressait « que » de 15 %. Le record est détenu par Patrick Drahi, le patron d’Altice, qui a presque doublé son capital en rachetant à crédit des sociétés qui lui remboursent ses « avances ». Globalement, les 10 plus grosses fortunes de France ont progressé d’un tiers en un an, une performance que leur envient smicards et chômeurs, très loin de pouvoir en dire autant.
Grâce à cet argent, Xavier Niel peut s’acheter des indulgences pour le royaume des cieux, en développant ses bonnes œuvres. Il avoue d’ailleurs sans complexes qu’il préfère se débarrasser lui-même de ses excédents de bagages en vue du passage vers l’au-delà, plutôt que confier cette tâche à l’état, sous forme d’impôt. On peut en déduire qu’il pratique sans remords l’optimisation fiscale, afin d’augmenter ses liquidités et répandre le bien autour de lui. Il admet par ailleurs qu’il ne vote pas, une autre manière de démontrer qu’il ne croit pas à l’action politique. Il aurait bien tort de se gêner, lui qui bénéficie d’un système qui lui permet d’amasser de grosses sommes d’argent, sans considération morale aucune, lui qui a démarré par le minitel rose, et qui lui octroie le luxe suprême de s’acheter une bonne conscience en se substituant aux pouvoirs publics.