Le jour s’est levé
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 18 novembre 2024 10:28
- Écrit par Claude Séné
C’est le titre d’une belle chanson de Jean-Louis Aubert pour le groupe Téléphone, parue en 1985, dont le thème me parait correspondre assez bien à la situation actuelle en Ukraine. Après des années de guerre causée par l’invasion russe, et une évolution inquiétante sur le plan militaire, un espoir nouveau est apparu avec la décision annoncée de Joe Biden, encore président des États-Unis pour quelques semaines, d’autoriser l’armée ukrainienne à utiliser les missiles dont elle dispose jusqu’au cœur du territoire russe. Cela lui permettra de rétablir un certain équilibre avec l’artillerie et l’aviation adverse.
À l’approche de l’hiver, la stratégie de Wladimir Poutine consiste en effet à concentrer les attaques sur les infrastructures notamment électriques pour désorganiser les réseaux en privant la population du minimum de confort et démoraliser civils et militaires. Le président russe feint de croire que ce serait une escalade de la part des occidentaux, alors que c’est lui qui a pris l’initiative de faire venir des soldats nord-coréens pour se battre aux côtés de son armée, ce qui constitue un terrible aveu d’échec, mais aussi une menace supplémentaire. Le paradoxe, c’est que le président américain, que l’on croyait « vieux, fatigué et malade » semble conserver suffisamment de capacités pour tenir la dragée haute à son homologue russe. Le président élu, Donald Trump, n’a pas réagi officiellement à cette annonce. On craint naturellement qu’il revienne sur cette décision, voire qu’il coupe les vivres à l’Ukraine pour l’obliger à accepter une négociation désavantageuse, mais on n’est sûr de rien avec un personnage aussi fantasque. Il peut tout aussi bien prendre acte de cet « héritage » de l’administration démocrate, tout en n’en reconnaissant pas la paternité, que l’annuler d’un trait de plume.
Dans la chanson, Jean-Louis Aubert constate qu’il est déjà tard, mais pas trop tard, si l’on y croit encore. Depuis le début du conflit, les occidentaux, et surtout les États-Unis, ont fourni aux Ukrainiens juste assez de moyens pour qu’ils ne perdent pas la guerre, mais insuffisamment pour la gagner. Les moyens actuels, s’ils avaient été déployés dès le début, auraient sans doute dissuadé, au moins provisoirement, la Russie de lancer une offensive de cette nature. Il reste à Donald Trump à tenir son engagement de finir cette guerre rapidement, sinon en 24 heures. Il voudra nécessairement sauver la face et claironner un succès dont les Ukrainiens devront payer le prix, sans pouvoir garantir les conditions d’une paix durable. Les Polonais l’ont bien compris qui ont mis leur aviation en alerte au cas où des missiles russes s’égareraient sur leurs territoires limitrophes des zones de combat. L’Europe devra probablement s’organiser pour assurer sa propre défense à l’avenir.