Chronique d’une fraude annoncée

On ne peut pas dire que l’élection controversée d’Ali Bongo au Gabon soit inattendue. La surprise aurait été que le président sortant ne soit pas réélu. Car enfin, il avait mis toutes les chances de son côté. Une semaine avant le scrutin, les résultats étaient déjà connus et des procès-verbaux établis. On rapporte que dans certains villages le nombre d’électeurs inscrits sur les listes électorales dépassait le nombre d’habitants recensés officiellement. Et surtout, la fraude électorale semble une tradition et même un sport national depuis l’indépendance en 1960. Le premier président n’aura même pas besoin d’y recourir, étant seul candidat dans un régime de parti unique.

L’ami américain

Hors de question de remettre en cause l’amitié indéfectible qui nous unit au peuple américain depuis Lafayette. Mais quand il s’agit de défendre ses intérêts, les sentiments passent au second plan. C’est ce que nous avons vu au travers de deux évènements récents. Tout d’abord, c’est la Commission européenne qui envisage d’infliger une amende record à Apple pour avoir pratiqué un dumping fiscal à l’égard de l’Irlande où il a son siège social, en ne payant qu’un impôt ridiculement bas, ce qui constituerait une forme de subvention déguisée et donc de distorsion de concurrence.

Ailleurs

Depuis le temps que l’on se demandait ce que faisait Emmanuel Macron dans un gouvernement de gauche, même aussi tiède que celui-là, il a fini par démissionner, faute de pouvoir se faire virer malgré d’incessantes provocations. Il lui faudra donc renoncer à d’éventuelles indemnités de licenciement, mais il escompte de plus larges bénéfices personnels en quittant volontairement son poste pour se consacrer à sa carrière politique. Sa trajectoire, qui se veut en dehors des partis traditionnels, m’a rappelé celle d’un personnage aujourd’hui disparu et largement oublié, qui se définissait comme étant « ailleurs ».

Soupe à la grimace

On dit le paysan français soupe au lait. Et il est vrai que lorsque les agriculteurs se mobilisent, ils emploient fréquemment la manière forte et n’hésitent pas à mener des actions spectaculaires. On se souvient des tonnes de purin ou de paille déversées devant les préfectures, des blocages musclés de grandes surfaces ou de ronds-points routiers, occasionnant parfois des dégâts considérables. Ils bénéficient généralement de la bienveillance des pouvoirs en place qui savent que leur poids est devenu numériquement très faible, mais reste important symboliquement dans l’opinion.