Sale temps pour la presse

Je parle bien sûr de la presse d’information, celle qui est mise à mal depuis quelque temps, un peu de tous les côtés.

L’attitude ambiguë du mouvement des gilets jaunes, qui d’une part s’en prennent violemment aux journalistes sur le terrain, en paroles et en actions, les prenant comme bouc émissaire, et qui d’autre part exigent leur présence comme témoin lors des rencontres avec le ministre de l’Environnement ou avec le Premier ministre ! Il faudrait savoir : ou les journalistes sont collabos et menteurs, ou ils sont le garant de la vérité !

Une république d’épiciers ?

Comprenez-moi bien. Je n’ai rien contre les commerçants en général et les épiciers en particulier. Il se trouve que cette noble profession symbolise à mes yeux l’art de couper les éléments en petits détails insignifiants, de telle sorte que l’on en perd la vue d’ensemble et que l’on devient incapable de discerner les finalités. C’est l’impression que me laisse la politique suivie depuis un an et demi par le nouveau président de la République, qui apparait comme une collection de mesures, notamment fiscales, dont la cohérence m’échappe, ainsi qu’à la plupart des Français.

Porté pâle

Entre autres réputations, le Français est souvent soupçonné d’une tendance naturelle à tirer au flanc, et pas seulement dans un contexte militaire, dont l’expression « se faire porter pâle » semble directement issue. En plus d’être râleur, le Gaulois décrié par le président de la République serait un fainéant, prêt à saisir la moindre occasion pour éviter de se rendre au travail, une mauvaise habitude héritée de la tradition néfaste de l’école buissonnière. Pour appuyer cette thèse, le gouvernement bénéficie de la publication ma foi très opportune d’un rapport établi par l’Institut Sapiens qui chiffre à près de 108 milliards par an le coût de l’absentéisme au travail.

Soyez réalistes, demandez l’impossible

Voici un des slogans les plus connus hérités de Mai 1968, et qui me parait s’appliquer parfaitement à la situation créée par la révolte des gilets jaunes. Après avoir retardé le plus possible la reconnaissance d’un malaise profond de notre société illustré par les manifestations de rue, les blocages de rondpoints et les revendications de tout poil qui se sont exprimées, le pouvoir s’est résigné à simuler un certain intérêt pour un mouvement populaire qui lui échappe totalement, au propre comme au figuré. Le fait que 8 Français sur 10 le soutiennent et que la même proportion désapprouve le gouvernement n’y est dans doute pas étranger.