L’addition

Dans les temps éloignés où je m’initiais aux joies du calcul, mon maître d’école nous serinait à juste raison que l’on ne pouvait pas additionner des carottes et des pommes de terre et qu’à s’y essayer, on pouvait à la rigueur obtenir une soupe, mais en aucun cas un résultat mathématique. Les mêmes règles président à l’arithmétique électorale et conduisent à éviter d’additionner hâtivement les suffrages de deux candidats quand ils semblent défendre les mêmes convictions. Il est pourtant très tentant de considérer l’addition des intentions de vote en faveur de Hamon et de Mélenchon.

À eux deux, ils représentent environ 27 % des électeurs, soit la capacité de se qualifier largement pour le second tour, voire de disputer la 1re place à Marine Le Pen au premier tour, ce qui serait une symbolique forte et renforcerait les chances de succès. Sans compter qu’une alliance qui réunirait la plus grande partie des forces qui se revendiquent vraiment de gauche serait de nature à créer une dynamique et à lever un espoir qui fait cruellement défaut après la déception du quinquennat finissant. Un tel accord n’aura pas lieu, et pour de multiples raisons, les unes, avouables, les autres, non. Officiellement, les divergences programmatiques seront mises en avant pour justifier l’impossibilité d’un accord. L’état-major de Jean-Luc Mélenchon a multiplié les préalables à toute discussion et le candidat lui-même a qualifié le Parti socialiste, auquel il a pourtant appartenu, de « corbillard », ce qui est une façon pour le moins inamicale de discuter. Mais le point d’achoppement principal concerne le leadership. Par définition, il ne peut subsister qu’un candidat à l’élection, et chacun des deux protagonistes est persuadé d’être le plus crédible. Tous deux auraient intérêt à l’accord, mais chacun espère secrètement récupérer les voix de son concurrent et rafler la mise sans passer par les fourches caudines de l’autre.

D’où la pantomime de ces derniers jours, où il faut apparaitre rassembleur tout en se gardant bien de conclure l’alliance que beaucoup appellent de leurs vœux. L’essentiel est de ne pas porter la responsabilité de l’échec en la faisant reposer sur l’autre camp de façon à récolter les fruits électoraux de la pureté de ses intentions. Là encore, l’arithmétique montre que le ticket d’entrée pour être au 2e tour en face de Marine Le Pen pourrait se situer autour de 20 à 21 % seulement, si les affaires de Fillon et un effritement de Macron les amenaient sous la barre des 20 %. Un objectif atteignable par Hamon, qui a déjà frôlé les 17 %, et même par Mélenchon, s’il bénéficiait d’une dynamique favorable. Mais, en cas d’échec, qui paiera l’addition ?

Commentaires  

#1 jacotte 86 25-02-2017 12:03
qui est le corbillard et qui est le fossoyeur? en attendant la réponse, le peuple de gauche risque bien de se retrouver réduit en cendre ...
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