Un drôle d’attelage

C’est ce terme d’attelage qui a été le plus utilisé par la presse pour désigner l’alliance passée entre François Bayrou et Emmanuel Macron. La métaphore est intéressante. Elle permet de souligner à la fois la similarité des deux personnages et leurs différences. La première des exigences concernant un attelage, c’est de tirer dans le même sens, ce qui est loin d’être gagné dans le cas qui nous intéresse. Nous avons même une expression pour cela : quand les équipages tirent à hue, c’est-à-dire à droite, et à dia, c’est-à-dire à gauche, la charrette a peu de chances de sortir de l’ornière où elle s’est embourbée.

Déjà, les avis divergent sur l’identité des équidés mobilisés par cet appariement. S’agit-il de l’alliance d’un cheval et d’un âne ? D’une jument et d’un baudet ? Ce qui est sûr, c’est que le résultat risque d’être surprenant. S’ils font des petits, vous m’en garderez un. La surprise sera dans le produit du croisement : aurons-nous un mulet, ou un Bardot ? Deux espèces généralement stériles. François Bayrou semble persuadé d’avoir misé sur le bon cheval, cette fois-ci, après avoir tant parié et perdu dans le passé. Aux yeux de Macron, il apparait que Bayrou n’est sans doute pas le mauvais cheval, mais c’est quand même un cheval de retour. Par rapport à la mule de Sancho Pança, c’est plutôt la Rossinante de Don Quichotte. Les moulins à vent n’ont qu’à bien se tenir. Pendant que les deux duettistes tentent de trouver leur place dans l’équipage, le cercle de famille applaudit à grands cris : des cousins plus ou moins éloignés, hémiones et onagres, jusqu’aux zèbres, incarnés par Alexandre Jardin et son mouvement « bleu, blanc, zèbre ». Jusqu’à ce que, inévitablement, le bât blesse, et que la mule du pape finisse par tirer vengeance de son coéquipier en lui adressant le coup de pied de l’âne.

À moins que nous ne fassions fausse route sur les espèces concernées. Peut-être s’agit-il d’une paire de bœufs, sagement attelés au même joug, dont la docilité et la placidité font la force. Un de ces couples légendaires auxquels les paysans donnaient des noms symbolisant la fidélité et la complémentarité : Philémon et Baucis, Castor et Pollux, Roux et Combaluzier, Pénélope et François, pardon, Ulysse. Mais je m’égare. Si ça se trouve, l’alliance de Bayrou et Macron, c’est un tandem. C’est celui qui est devant qui tient le guidon, mais c’est celui qui est derrière qui peut faire le moins d’efforts sans se faire trop remarquer. Encore faut-il se mettre d’accord sur la destination et éviter de freiner dans les côtes quand l’autre se démène en danseuse.

Commentaires  

#1 poucette 24-02-2017 12:15
j'ai apprécié ton humour...et je ne vais pas le garder pour moi .. bises
poucette
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