En avoir ou pas ?

Pas de pensée tordue ! Je parle de la chance, bien sûr ! On entend sans arrêt autour de nous : « je n’ai pas de chance » « c’est la faute à pas de chance », etc., etc.

Qu’est-ce que c’est donc la chance ? En principe, c’est un concept qui exprime la réalisation d’un événement positif améliorant la situation humaine sans causalité avec les actions de l’individu. C’est une définition un peu contestable, car on peut défendre l’idée que la chance n’est pas le fruit du hasard, elle résulterait plutôt de la manière dont nous transformons le fortuit en opportunité : ça s’appellerait « saisir sa chance » ou « provoquer la chance »… il y a aussi la situation où l’individu a la possibilité de « forcer la chance » sous-entendant que nous pouvons avoir une responsabilité pour qu’un événement anodin puisse tourner à notre avantage, vérifiant un autre aphorisme : « la chance sourit aux audacieux ».

En psychanalyse, Jung par exemple, développe l’idée qu’en chaque individu il existe de façon inconsciente, une disposition à vivre un miracle pour nourrir notre désir de vivre. Il est plus rassurant de croire en sa bonne étoile que d’accepter le hasard responsable de l’inexplicable, laissant une place à l’incertitude, à la non-maîtrise, à l’angoisse.

Les plus optimistes pensent que les choses arrivent quand elles doivent arriver, car on a fait ce qu’il fallait pour qu’elles arrivent, cela permet d’attribuer les réussites à des causes internes, autant qu’à des causalités multiples dont certaines ne sont pas de notre ressort.

Fleming a eu la chance de découvrir la pénicilline, car un échantillon d’analyse s’est couvert de moisissures, Christophe Colomb a découvert l’Amérique, car il s’est trompé dans les calculs de sa navigation… on pourrait multiplier les exemples de transformation du hasard en réussite, il n’empêche qu’il fallait au départ que Fleming soit un grand médecin et Colomb un grand navigateur !

Je ne ferai qu’une toute petite place à la malchance, car y croire, c’est destructeur, cela entraîne à prendre les mauvaises décisions, à se dévaloriser, et à faire le lit de la superstition. Elle sert parfois d’excuse à ses propres faiblesses. Pour retrouver la voie chanceuse, il faut réparer l’estime de soi, et développer la volonté d’agir de manière constructive.

Il faut laisser à la chance l’occasion d’advenir, en acceptant la part d’irrationnel et d’imprévu, en étant capable de cerner ses désirs, de sentir la direction que l’on a envie de donner à sa vie, se rendre disponible, ouvert à ce qui se passe autour de nous, relativiser la déveine, la retourner à notre avantage… on peut toujours à partir d’un événement malheureux décider d’en faire une expérience constructive.

La chance dépend donc de notre vision du monde et de nos choix, de notre volonté, « ce que vous appelez chance, c’est l’attention aux détails » Churchill.

Donnons une chance à la chance dans notre vie, qui est déjà elle-même une chance à saisir, c’est peut-être là, l’art de la prendre en main.

L’invitée du dimanche