Jules, reviens-nous !

Il y a quatre ans déjà, dans un billet, je t’avais appelé au secours pour nous aider à sauver le principe de laïcité. Aujourd’hui, on a encore besoin d’aide pour sauver ce qu’elle est devenue. La loi de 1905 a été subvertie, elle qui instituait la séparation de l’église et de l’État et que François Hollande avait promis de faire appliquer partout. Rien n’a changé par exemple dans la participation de l’état de plus de 8 milliards dans le fonctionnement des établissements privés, et ce n’est pas près de le faire…

Mais où en est-on de ce principe de séparation dans l’état de la société civile et de la société religieuse ? Dans les années 50, le combat pour la laïcité se situait surtout contre l’église catholique dont il fallait réduire l’influence sur les institutions. Aujourd’hui, avec le développement des doctrines d’origines diverses, sectaires, intégristes, etc. la situation est beaucoup plus complexe.   « La nouvelle laïcité » telle qu’un rapport de François Baroin de 2003 demandé par Raffarin a été définie, ne serait plus anticléricale, mais anti communautarisme, lié à un contexte géopolitique de la modélisation.

La mise en place d’un observatoire de la laïcité par François Hollande illustre bien la nécessité de préserver ce concept sans jamais oublier son principe de base qui reste l’impartialité, la neutralité de l’État à l’égard des confessions religieuses.

Il semble bien qu’il y ait eu un glissement de sens sur la distinction du privé (sphère intime à protéger) et sphère publique à préserver (affaires publiques, services publics) ce qui a ouvert une polémique sur les droits ou non de porter des signes religieux dans n’importe quel endroit.

À ce titre-là, il paraît normal d’interdire les signes religieux dans l’institution scolaire publique, ou tout autre service public, mais tout à fait inapproprié à mon sens, dans tout autre lieu ouvert à tous comme une plage par exemple. Cela n’empêche pas à titre individuel de se poser des questions pour savoir si certains comportements placés sous le signe religieux sont imposés ou non à la personne qui les pratique, mais là, on entre dans la sphère intime qui doit être protégée.

Tout se passe comme si l’on avait fait une spatialisation de la laïcité, plutôt qu’un principe non négociable de fonctionnement de la République française indivisible, laïque, démocratique et sociale assurant l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine de race ou de religion ! Est-il si difficile de baser toute action politique et sociale sur ce principe incontournable ? Pour enfoncer le clou…

... « La laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres, mais la liberté d’en avoir une. Elle n’est pas une conviction, mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect des principes de liberté de conscience et d’égalité des droits. C’est pourquoi elle n’est ni pro, ni antireligieuse. L’adhésion à une foi ou à une conviction philosophique relève ainsi de la seule liberté de conscience de chaque femme et de chaque homme ».

Extrait du dernier rapport de l’observatoire de la laïcité

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#2 Louisette Guibert 23-10-2016 11:31
Ce qui complexifie les choses, c'est la marchandisation de tous les secteurs publics et privés, de quelle liberté parle-t-on?de quelle égalité dans un monde que seul le profit guide et surtout de quelle solidarité?
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#1 Claude 23-10-2016 10:03
ça va mieux en le disant!
nos fidèles lecteurs auront reconnu Jules Ferry, fondateur de l'école publique, celle qui mérite réellement le qualificatif de libre puisqu'elle permet l'émancipation des futurs citoyens, mais qui a du mal à mener à bien sa tâche immense.
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