Ras le képi

Coluche le disait déjà. La police, elle fait ce qu’elle peut. Parce que, si elle faisait ce qu’elle voudrait, elle ne ferait rien. Voilà déjà longtemps que les policiers, gendarmes et militaires sont sollicités pour effectuer des tâches de plus en plus nombreuses afin de tenter d’assurer la sécurité dans un contexte d’attentats, de terrorisme et d’augmentation de la délinquance. Le plan Vigipirate n’est jamais redescendu en dessous du niveau rouge depuis bien des années et il est souvent passé au cramoisi. Le quota d’heures supplémentaires a explosé au point qu’il est patent qu’elles ne seront jamais payées intégralement et la charge de travail est constamment au-dessus du seuil d’alerte.

Cela, les policiers auraient pu l’accepter. Ce qui n’est pas passé, c’est le sentiment que l’uniforme, au lieu de les protéger, fait d’eux une cible. Le point de non-retour a été franchi avec la tentative d’assassinat de policiers dans leur voiture à l’aide de cocktails Molotov, qui faisait suite au meurtre d’un couple de fonctionnaires de police à leur domicile de Magnanville par un fanatique islamiste. Un mot malheureux du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a repris le terme de sauvageon employé en son temps et tout aussi maladroitement par Jean-Pierre Chevènement, a suffi pour mettre le feu aux poudres. Ce gouvernement paye largement pour celui du précédent quinquennat qui a fait fondre les effectifs de la police et a instauré une politique du chiffre dont se plaignent toujours les gardiens de la paix. C’est Sarkozy qui a ouvert la boite des pandores et depuis personne n’a pu la refermer. Le gouvernement a beau promettre des moyens, des budgets et des hommes supplémentaires, les flics sont dans la rue et ne semblent pas décidés à en sortir.

Le problème, c’est qu’avec des revendications légitimes se glissent des positions indéfendables. Que vient faire par exemple la demande d’extension de la légitime défense dans l’affaire de Viry-Châtillon ? Les syndicats policiers en profitent également pour réactiver leurs critiques à l’égard de la justice, accusée de laxisme, à cause des aménagements des peines inférieures à 2 ans fermes. Contrairement à ce qu’ils croient, l’emprisonnement massif des primo délinquants n’a jamais fait la preuve de son efficacité et peut se montrer contre-productif. L’occasion est trop belle pour la droite et l’extrême droite de pourfendre le gouvernement actuel, accusé de tous les maux et qui doit gérer une situation qui a pourri progressivement. Si le Front national n’a pas créé le mouvement de protestation des policiers, il essaie manifestement de le récupérer, fort des enquêtes d’opinion qui lui donnent plus de 50 % d’intentions de vote en faveur de Marine Le Pen. De quoi faire oublier que, sous le képi, bat aussi un cœur.

Commentaires  

#1 jacotte 86 22-10-2016 11:33
oui j'en ai rencontré 4 qui m'ont exonéré d'une amende! mais je n'avais pas le profil d'une terroriste ou d'une délinquante... merci quand même à leur grand cœur.
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