Tous les coups sont permis ?

J’ai apprécié ici même, et pas plus tard qu’hier, le changement de doctrine du Président des États-Unis vis-à-vis de la Russie et sa politique de sanctions économiques pour infléchir l’attitude de son dirigeant, Vladimir Poutine, et l’amener à la table de négociation en vue de discuter d’un cessez-le-feu avec l’Ukraine. Autant l’attitude de Donald Trump était discutable quand il s’est mis en tête d’imposer des droits de douane exorbitants et sans réciprocité à tous ses supposés partenaires, y compris ses alliés historiques, autant l’utilisation de sanctions à des fins pacifiques et pour régler des situations conflictuelles peut sembler légitime.

Il y a toutefois des limites à ne pas franchir, même pour le pays le plus puissant du monde, et ce sont les règles du droit international. L’administration américaine s’est engagée depuis assez longtemps dans la lutte contre le narcotrafic, et récemment, ses méthodes se sont pour le moins musclées. C’est ainsi que cinq personnes ont perdu la vie en deux jours cette semaine dans une frappe visant un bateau soupçonné de transporter de la drogue dans le Pacifique. Pour justifier ces méthodes expéditives, l’administration américaine n’hésite pas à comparer les « simples trafiquants » à de véritables terroristes tels que ceux d’Al-Qaïda. En tant que tels, les États-Unis considèrent qu’ils peuvent les traquer et les tuer sans avoir de comptes à rendre à quiconque. Donald Trump résume la situation en vilipendant les dirigeants des pays les plus impliqués, notamment le président de la Colombie, Gustavo Petro, qu’il qualifie de « voyou et de méchant » avant de le menacer physiquement à mots à peine couverts. Le président Trump ne fait que transposer au niveau international la doctrine utilisée sur le plan intérieur, où l’on tire d’abord et l’on demande les explications après.

La légitimité toute récente accordée à Donald Trump en raison de ses positions en faveur de la paix, et qui restent à confirmer par les faits et les résultats obtenus, ne peut pas justifier un comportement de shérif ne suivant que ses impulsions, pour le meilleur parfois, mais aussi pour le pire. Son attitude vis-à-vis de la Colombie ou du Vénézuéla de Nicolas Maduro, rappelle le passé peu glorieux des « républiques bananières » au début du 20e siècle, quand les gouvernements se faisaient et se défaisaient au bon vouloir de la United fruit company. Que les régimes au pouvoir actuellement dans plusieurs pays de l’Amérique latine ne soient pas démocratiques, n’autorise pas Donald Trump à en faire son pré carré. Comme on le sait, le président américain est un personnage plutôt « soupe-au-lait », comme en témoigne sa rupture unilatérale des discussions avec le Canada sur les relations économiques entre les deux pays, au motif qu’il a été vexé d’un clip publicitaire reprenant des déclarations anciennes de Ronald Reagan critiquant le protectionnisme. Inquiétant, non ?