Carnet de chèques

C’est un moyen de paiement en constante diminution, sauf pour le gouvernement, qui ne semble pour le moment capable que de le sortir pour essayer d’amoindrir les effets néfastes de sa propre politique, impuissante à résoudre les difficultés entraînées par une vie de plus en plus chère. Les Français ne s’y trompent pas qui mettent la question du pouvoir d’achat tout en haut de leurs préoccupations à l’approche des élections présidentielles, bien avant les questions d’immigration et d’insécurité que l’on essaie de monter artificiellement en épingle. L’état de leur porte-monnaie, surtout pour les plus pauvres, est d’une actualité incontournable et s’impose à tous.

Le gouvernement a déjà dégainé le chéquier pour faire face au renchérissement du coût de la vie en général en promettant une prime de 100 euros à la moitié des Français qui touchent moins de 2000 euros nets mensuels. Cette aide n’a même pas encore été totalement versée qu’elle est déjà dépensée. De même pour le chèque énergie, plus sélectif encore. Et d’autres échéances se précipitent. Le prix de l’électricité aurait dû augmenter de 44 % et l’état a pris sur ses réserves et a tordu le bras d’EDF pour limiter la hausse à 4 %, mais ce n’est que reculer pour mieux sauter. De même, le prix du carburant à la pompe ne cesse de battre de nouveaux records et le ministère de l’Économie cherche désespérément des moyens d’atténuer le choc sans mettre l’état sur la paille ni se priver de la recette financière que constitue la taxation sur les produits pétroliers. Les prix de l’essence et du gas-oil ont largement dépassé les seuils qui avaient amené à la crise des gilets jaunes et la conjoncture internationale défavorable laisse le champ libre à de nouveaux records si le prix du baril continue à monter comme c’est probable.

C’est dans ce contexte qu’il faut replacer l’enquête menée par les Associations Familiales Rurales concernant le prix des fruits et légumes, vous savez ceux qu’on devrait consommer au moins 5 ou 10 fois par jour et qui ont pris 9 % d’augmentation en 2 ans. Les AFR demandent donc à l’état de mettre la main à la poche et de faire un chèque pour aider les familles à se nourrir sainement. Tout ceci est bel et bon. Et justifié. Mais la question de l’équilibre budgétaire se pose inexorablement, et l’état providence ne peut pas devenir insolvable en arrosant le sable et en remplissant le tonneau des Danaïdes. C’est surtout un constat qui démontre que la question principale reste celle des inégalités abyssales entre les citoyens. Cette vie chère n’est pour certains qu’un épiphénomène. Lorsque le « reste à vivre », ce qui reste une fois les dépenses contraintes payées, est encore confortable, il est seulement contrariant de devoir renoncer ou différer un projet non essentiel. Rien à voir avec les sacrifices que doivent faire les plus défavorisés, qui sont aussi parfois privés de chéquiers pour des retards de paiement.