La paix ou la violence

On constate depuis un certain temps une montée de l’exaspération des opposants à la politique vaccinale du gouvernement, dont la colère se tourne régulièrement contre les députés de la majorité, taxés de collaborationnistes dans un raccourci évidemment exagéré, mais qui traduit le sentiment d’une partie de la population. Les antivax se sentent méprisés et ils n’ont sans doute pas tort. Quand les mots ne leur permettent pas d’être reconnus, ils passent à l’injure, voire à la menace et récemment à la violence physique, comme à Perpignan devant la permanence d’un député de la République en marche, frappé par des manifestants.

Cet incident inadmissible fait suite à une situation similaire à Saint-Pierre et Miquelon et à d’autres actes de malveillance, notamment en région parisienne. Les élus concernés ne semblent pas avoir fait appel aux forces de police pour empêcher ces débordements. Ils ont fait face à leurs agresseurs de façon certes courageuse, mais sans pouvoir garantir le calme et l’ordre qu’ils souhaitaient incarner. À aucun moment, je n’ai entendu parler de maintien de l’ordre public par des policiers, mais uniquement de renforcement de sanctions pénales, dont l’effet dissuasif est bien mince sur le moment. Cela m’a fait penser à un sketch déjà ancien de Guy Bedos dans lequel il suggérait une méthode pour éradiquer la violence qui sévissait déjà, semble-t-il, à cette époque. On faisait passer les manifestants en file indienne, et on leur posait la question : « toi, tu es pour la paix ou pour la violence ? » Celui qui répondait « pour la violence » se voyait administrer une bonne claque, tandis que le partisan de la paix passait sans encombre. C’est un peu la méthode du gouvernement, qui manie alternativement la carotte du pass vaccinal ouvrant droit aux menus plaisirs de l’existence et le bâton de l’obligation déguisée qui n’a pas le courage de ses opinions.

Loin de pouvoir convaincre les acharnés, manipulés par des fauteurs de trouble comme Florian Philippot qui espère retrouver des couleurs en profitant de leur faiblesse et de leur manque de réflexion, ces affrontements ne font que renforcer des positions radicales. Ces pauvres gens, ultra-minoritaires, répètent mécaniquement des slogans simplistes et sont confortés par une propagande en miroir affirmant que tout va bien grâce au pouvoir en place. Et le président n’a même pas encore officialisé sa candidature, ce qui ne saurait tarder maintenant. De là à penser que ces députés de la majorité se comportent en agents provocateurs, il reste encore un pas, mais le pays n’a rien à gagner à un clivage exacerbé opposant des victimes à d’autres victimes. Dans le sketch de Bedos, celui qui hésitait trop longtemps avant de répondre recevait sa baffe réglementaire : « tu n’avais qu’à te décider plus vite ! »