Vive les calendes

Au temps des Romains, le calendae était le jour de la programmation du premier jour du mois en liaison avec la première apparition de la Lune, ce jour servait de repère pour commencer à écrire les dettes dans le livre de comptes, et pour en fixer les échéances de paiement. Il faut voir ici l’origine du mot calendrier, et non pas l’origine de l’idée de calendrier qui peut remonter jusqu’à 10 000 ans avant J.-C. Il divisait le temps en s’inspirant des mouvements de la Lune. Le premier calendrier était donc lunaire, et servait de repère pour les travaux des champs.

Jules César, au VIIe siècle, s’inspirant du calendrier agricole égyptien qui comptait 304 jours et commençait en mars, créa le calendrier julien, premier calendrier solaire (s’appuyant sur les saisons) divisant l’année en 365 jours, en 12 mois de 30 jours.

Au XVIe siècle, le pape Grégoire XIII, corrigeant des erreurs de Jules César modifia le calendrier pour le faire débuter le 1er janvier, c’est ce calendrier grégorien qui continue à nous servir d’outil à tous (sauf les musulmans qui continuent à utiliser le calendrier lunaire) et qui s’est adapté à chaque culture, entre autres pour fixer le premier jour de l’année !

C’est effectivement un outil, qui instaure un système de mesure et de division du temps dont on ne peut imaginer se passer ! Il est à la base de toute vie sociale, économique, culturelle, politique, affective (si l’on ne veut pas louper un rendez-vous amoureux mieux vaut l’inscrire à son calendrier) bref, sans lui, vie collective ou individuelle s’effondrerait.

Pour preuves, on se réfère aussi bien au calendrier des marées qu’au calendrier parlementaire, scolaire, électoral… Il a pris plusieurs formes, entre autres celui d’une éphéméride dont on enlève une page chaque jour, laquelle éphéméride s’est retrouvée pierre de touche des almanachs, ces livres annuels destinés à être lus au rythme d’une page par jour, qui reprennent les grandes dates, les fêtes religieuses, les phases de la lune, la durée des jours, et dispensent divers renseignements et astuces, recettes de cuisine, météo, etc.

 Les plus célèbres : l’almanach Vermot créé en 1886, laissant large place à des calembours plus ou moins réussis, à des blagues pas toujours drôles, à des trombinoscopes des politiques, continue d’être publié, il faisait appel pour les couvertures à de grands illustrateurs. Cocardier, misogyne, colonialiste, Jeanson disait de lui « le Vermot finit par être lu d’un derrière distrait ».

L’almanach ouvriers et paysans, édité par le journal L’Humanité de 1926 à 1987, laissant des pages blanches pour écrire les dates de réunion, les réflexions personnelles, au milieu des citations de Lénine, des poèmes, des chansons, des textes exaltant la révolution !

Et puis, toujours d’actualité, l’almanach du jardinier qui dispense ses précieux conseils pour réussir son potager !

Cet outil qui règle nos faits et gestes, qui codifie le passé, préfigure notre avenir et nous sert de mémoire, s’est invité dans nos agendas, papier ou électroniques, où à chaque date une place est laissée pour les notes, indispensables repères dans notre espace-temps.

Avec celui du facteur, des pompiers, de mon pharmacien, de ma banque… Il est impossible d’oublier que nous sommes ses esclaves reconnaissants, parfois rebelles !

 

L’invitée du dimanche