École, la grande pagaille

« Si vous avez compris ce que je vous ai dit, c’est que je me suis mal exprimé. » Telle pourrait être la philosophie implicite du ministre de l’Éducation, tant ses explications sur la stratégie sanitaire à l’école élémentaire ont été embrouillées. On comprend surtout que c’est toujours l’objectif zéro fermeture de classe qui prévaut, quoi qu’il en coûte aux enseignants et aux parents d’élèves, voire aux enfants eux-mêmes, premières victimes de la désorganisation induite par les mesures anarchiques décidées en haut lieu. Jusqu’à présent, on pouvait à juste titre taxer le gouvernement et sa majorité d’amateurisme. On peut y ajouter désormais l’incompétence.

La situation de l’école est devenue si précaire que les principaux syndicats enseignants, qui ont reçu des fins de non-recevoir à toutes leurs demandes, se sont déterminés à lancer un préavis de grève pour le 13 janvier. Un mouvement qui recueillera probablement le soutien des parents d’élèves malgré leur exaspération devant les galères induites par les procédures mises en place. On ne peut pas interpréter autrement le début de volte-face du ministre, qui reconnait la difficulté actuelle et a proposé un allègement bien maigre, mais toujours bon à prendre du protocole sanitaire. Pour les parents, c’est toujours la course au test qu’il faut produire pour retourner à l’école, avec le problème d’embouteillage et même un risque de pénurie par endroits. Pour les enseignants, c’est toujours la difficulté d’assurer simultanément le présentiel et le distanciel, de gérer les paperasseries supplémentaires des attestations sur l’honneur demandées aux parents, de faire face à un surcroît de travail avec un manque de personnel remplaçant qui s’aggrave. Le tout sans le matériel minimum : détecteurs de Co2, masques adaptés, notamment en maternelle, fenêtres bloquées parfois. J’en passe sûrement.

Sans le dire explicitement, Jean-Michel Blanquer, la voix de son maître président, a opté pour la libre circulation du virus et de son variant Omicron, en tablant sur une dangerosité moindre, tout en laissant la vaccination des enfants soumise au libre choix de leurs parents. Sans le dire, on revient à une théorie de l’immunisation collective par la propagation de la maladie dans l’ensemble de la population, et notamment les enfants, dont on sait pertinemment qu’ils sont vecteurs de l’épidémie, même s’ils développent rarement des formes sévères de la maladie. Rien ne permet malheureusement de prédire qu’en laissant circuler ainsi Omicron, on sera prémuni contre un autre variant possible à venir. Ce ne sont pas les incantations du ministre de la Santé qui y changeront quelque chose. Les épidémiologistes semblent incliner vers une accalmie jusqu’au printemps, et c’est ensuite que l’on saura, ou pas, ce qu’il en advient. Mais, d’ici là, l’élection présidentielle sera passée, et c’est tout ce qui compte pour certains.