Les racines du mal ?

Un peu par hasard à la recherche d’une promenade nouvelle, nous avons « exploré » le site néolithique mégalithique de Saint-Just en Ille-et-Vilaine, qui s’est avéré être un lieu exceptionnel qui s’étend sur 7 km ! Après Carnac, il est le deuxième grand site néolithique d’Europe, trop méconnu à mon avis !

Au départ, je voulais partager l’émotion indescriptible qui m’a saisie au travers de la lande bretonne de Cojoux, couverte d’ajoncs et de bruyères sous un ciel gris complice de l’atmosphère de recueillement qu’inspire ce sanctuaire, témoignage d’un passé lointain de plus de 10 000 ans.

J’avais sous les yeux la preuve d’une vie antérieure riche en symboles et en marques de créativité et de savoir-faire, mais presque totalement ignorante de cette période de notre Préhistoire j’ai laissé la curiosité prendre la place des ressentis !

La période néolithique, ou âge de pierre polie, qui vient juste après le paléolithique a vu se modifier profondément le comportement des hommes. En effet, de chasseurs-cueilleurs, ils sont devenus agriculteurs et se sont sédentarisés pour avoir le temps de semer, protéger, récolter. Ils sont aussi devenus éleveurs, domestiquant les moutons, les chèvres, les bœufs, les porcs. Utilisant les produits de leur élevage, ils ont créé les premiers artisanats du tissage, de la céramique, du cuir. Pour mener à bien toutes ces tâches, ils ont inventé des outils et fait pousser de nouvelles céréales. Cette mutation a inversé complètement les rapports de l’homme à la nature, il commence à la dominer plutôt qu’être dominé par elle !

La sédentarisation a permis la création de villages puis de villes, acteur de sa propre évolution, il se crée de nouveaux types d’organisations sociales, agriculteurs, artisans, commerçants…

En modifiant des espèces pour son utilisation, l’espèce humaine a modifié les contraintes de son environnement et par la même la direction de son évolution !

Mais il y a eu un prix à payer, la concentration des hommes comme des animaux a été propice aux propagations et aux transmissions des maladies zoonotiques, l’homme en passant de prédateur à producteur, rompant ses amarres avec le milieu naturel, a provoqué la première grande modification aiguë de l’histoire de l’humanité par un bouleversement et un changement radical. La sanction est immédiate des epizoodémies intensives, résultats de l’asservissement des animaux dont les germes sont devenus humains préfigurant ainsi toutes les grandes épidémies historiques et modernes (90 % de nos maladies infectieuses proviennent des animaux domestiques au néolithique).

Autres conséquences et non des moindres, détérioration du climat, déforestation, guerre de territoire, maladies génétiques, autant de prémices de notre ingérence actuelle au sein d’une planète Terre de plus en plus dévastée par l’homme.

Selon Jean Zammit chercheur au CNRS de Toulouse, membre de la société préhistorique française, la néolithisation est la première catastrophe écologique de l’histoire de l’humanité, moment charnière de l’engrenage de la domination culturelle de l’homme sur le milieu naturel !

Notre monde actuel est un monde post-néolithique résultant d’un comportement humain de 5000 ans jusqu’à 2000 ans avant notre ère, instaurant un enchaînement diabolique dont on ne sait ni quand ni comment il s’arrêtera !

Ce lourd héritage n’empêchera en rien d’admirer à Saint-Just les traces de notre histoire, dégageant un sentiment de perfection, la sensation de retrouver ses racines, même si ce sont celles du mal universel !

L’invitée du dimanche