Abracadabrantesque !

 

Les situations de crise sont connues pour être des révélateurs de l’âme humaine. Celle engendrée par le covid-19 ne fait pas exception à la règle, mais le comportement de cette directrice d’un établissement d’hébergement  pour personnes âgées dépendantes dépasse l’entendement. Je suis déjà surpris qu’une personne d’expérience (elle dirigeait son établissement depuis 17 ans) soit aussi peu rôdée à un esprit scientifique, ce qui l’a amenée à refuser pour elle-même la vaccination, malgré les démonstrations qui ont prouvé l’efficacité des vaccins contre les formes graves du Covid. Si l’on en croit son avocat, elle ne serait pas capable de dépasser une peur panique de ces injections et de leurs supposées conséquences.

Prise dans une contradiction pareille, la logique aurait voulu qu’elle renonce à poursuivre sa mission au contact de son personnel et des résidents de l’établissement, ou qu’elle surmonte son appréhension en acceptant de se soumettre à l’obligation vaccinale. Au lieu de quoi, elle a choisi la pire des solutions en achetant un faux pass, prenant ainsi le risque de contaminer tout l’établissement et au-delà, alors qu’elle accueille des personnes éminemment fragiles. Autant je peux comprendre qu’à titre personnel et individuel des personnes continuent à craindre d’ingérer des produits dont ils se méfient instinctivement, ou dont une propagande irresponsable a fait un procès injustifié au nom d’un complot mondial purement hypothétique, autant il est irresponsable de prendre des risques et de les faire supporter à autrui, de façon quasi certaine.

La mauvaise excuse invoquée pour sa défense me paraît être de pure circonstance. Tout porte à croire que cette personne était déjà discutable avant cet épisode révélateur. En effet, lorsque l’infirmière qui a découvert le pot aux roses lui a demandé de se mettre en règle elle s’est vue signifier sa mise à pied, signant ainsi l’absence d’état d’âme de la directrice. Autre enseignement édifiant de cette histoire, c’est le soutien hors de propos par la hiérarchie de sa directrice, sans apparemment avoir fait une véritable enquête sur le terrain. C’était reculer pour mieux sauter puisqu’il a bien fallu suspendre puis mettre à pied la fautive, sans préjudice des sanctions pénales encourues. Lorsque l’on occupe des fonctions paramédicales, il me semble que l’on devrait faire sien le principe du serment d’Hippocrate, selon lequel, en tout premier lieu, on doit s’abstenir de nuire avant même de chercher à soulager ou à guérir. Visiblement, cette personne a fait passer ses intérêts personnels avant la mission dont la société l’a investie, d’une façon qui me paraît « abracadabrantesque » selon la célèbre formule de l’ancien président Chirac, qui ne manquait pas d’air.