Ça n’en finira donc jamais ? (ah la la, ah la la)

Aujourd’hui, une chronique spéciale philosophie, comme l’indique le titre, où les plus lettrés d’entre vous auront reconnu une citation de Pierre Desproges, extraite d’un sketch que j’ai totalement oublié, mais qui est extrêmement pratique, car pouvant s’adapter à toutes les situations. Eh bien, mon cher Pierre, oui, nous sommes assez intimes tous les deux, surtout moi, j’ai bien peur que nous ne soyons pas débarrassés de sitôt de ce satané corpuscule malveillant qui fait rien qu’à nous embêter en se déguisant sans arrêt en lettres de l’alphabet grec.

Alors ce cher Pierrot aurait sans doute dit qu’il fallait choisir entre deux maux, ou deux attitudes. Lui-même avouait avoir hésité entre la résistance et la collaboration, je ne sais pas s’il aurait choisi la vaccination ou le virus, ni l’un ni l’autre ne paraissant exempt de tout reproche. S’il avait existé un vaccin contre le crabe qui a fini par l’emporter, je suppose néanmoins qu’il aurait tenté le coup, même si cela lui avait coûté quelques plaisanteries sur son état de santé dont il avait l’exclusivité et donc le secret. Les Français sont un peuple réputé cartésien autant que frondeur, mais la crise sanitaire a bousculé toutes les idées reçues et toutes les certitudes. Si l’on suit la logique pure à la manière d’un René Descartes, l’état de la science nous indique clairement que les vaccins mis au point en un temps record ont fait la preuve de leur efficacité et que les millions de personnes ayant reçu une ou plusieurs injections démontrent la quasi-absence de réactions graves au traitement. Si l’on suppose que l’ensemble de la communauté scientifique s’est mis au service d’une pieuvre tentaculaire médiatico-politique dans le but exclusif de nous nuire, cela s’appelle tout bêtement de la paranoïa.

Et quand bien même. Si l’on suppose, contre toute évidence, qu’il y a un risque supérieur bien qu’hypothétique à se soigner plutôt que d’attendre passivement de voir si l’on a la chance de passer entre les gouttes, j’invite à faire le pari que proposait Blaise Pascal à propos de l’existence de Dieu. Qu’est-ce qu’on risque à se faire vacciner ? Rien, ou si peu. Et à refuser la vaccination ? Pas grand-chose non plus, juste sa peau et celle de ceux qui nous entourent. Il me semble que les discussions sur par exemple l’intérêt de vacciner les enfants, au motif qu’ils ne développent que peu de formes graves, n’ont de sens que si l’on imagine des inconvénients que l’on n’a pas observés. Dans ce cas, pourquoi ne pas appliquer un principe de précaution en tablant sur une généralisation des traitements, sans pour autant négliger les populations qui n’ont pas encore accès au vaccin ?