Y aura du monde à l’enterrement

L’enterrement ? Quel enterrement ? Celui de la gauche, bien sûr. Il faut voir les mines gourmandes des éditorialistes d’une droite assumée et les pleurs faussement apitoyés des chroniqueurs soi-disant indépendants, quand ils commentent avec insistance les faibles scores des différents candidats qui se partagent un héritage bien maigre, dilapidé en quelques décennies et réduit aujourd’hui à peau de chagrin. Jusqu’aux adversaires déclarés de la gauche, comme Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine, qu’on ne peut pas suspecter de sympathie envers des thèses progressistes, qui verse sa larme de crocodile sur la perte d’un ennemi juré.

Que la droite boive du petit-lait devant la situation globale de la gauche, plus divisée que jamais, ou que la majorité se réjouisse de la confusion qu’elle a réussi à provoquer et qui persiste encore en partie, n’étonnera personne. Le but avoué du « en même temps » d’Emmanuel Macron était et reste toujours, de diviser les Français en prétendant dépasser les clivages traditionnels. La majorité présidentielle s’est bâtie sur le modèle du pâté d’alouettes, avec une alouette de gauche et un cheval de droite. L’opération a été plus rentable pour le pouvoir avec le débauchage de transfuges des Républicains, mais la désignation de Valérie Pécresse semble avoir rebattu les cartes à droite, et la Macronie sent passer le vent du boulet. Paradoxalement, une droite requinquée pourrait être une bonne nouvelle, car elle relégitime l’existence d’une gauche pour l’instant morcelée dans des blocs « irréconciliables ».

Car une opinion publique peut être versatile, et les conditions objectives dans lesquelles va se dérouler la prochaine élection présidentielle ne plaident pas nécessairement en faveur de la majorité sortante. Un des sujets principaux de préoccupation des Français, c’est bien entendu le pouvoir d’achat, et la sensibilité aux causes environnementales n’a jamais été aussi importante, sans que le candidat écologiste en récolte les fruits. Tout peut changer rapidement dans les derniers mois de la campagne, car les électeurs sont devenus stratèges, du moins ceux qui continuent à voter. Ils soutiennent souvent celui ou celle qui a une chance de gagner, au lieu de leur candidat de cœur, par pragmatisme, ou pour éviter le pire. Un frémissement dans les sondages peut s’amplifier de façon exponentielle en faveur d’un vote « utile ». Ce qui a été favorable à Emmanuel Macron en 2017 peut se retourner contre lui en 2022. Reste que les chances de voir élire un président appartenant à la gauche sont infimes, à moins de considérer, comme Manuel Valls, que ce sont ses fossoyeurs qui en sont les meilleurs représentants, lui qui avait juré ses grands dieux de se consacrer exclusivement à la politique en Espagne avant de faire en vain ses offres de service à la République en marche.

Commentaires  

#1 jacotte86 15-12-2021 12:04
je ferai partie des pleureuses suivant le corbillard
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