Tant qu’on a la Santé !

C’est tout ce qu’on souhaite à Claude Guéant, finalement rattrapé par ses nombreuses « affaires » et qui vient de passer sa première nuit derrière les barreaux de la prison de la Santé, au grand dam de son avocat qui souligne que l’état de santé de son client lui parait incompatible avec une incarcération, sans que l’on sache précisément de quoi souffrirait l’ancien ministre de l’Intérieur, mis à part une certaine forme de mégalomanie qui l’empêcherait de faire la différence entre l’argent public et le sien « propre », si je puis dire.

Car Claude Guéant doit ce traitement de défaveur au peu de zèle qu’il aurait mis à s’acquitter de ses dettes, ce qui est d’autant plus fâcheux que son principal créancier n’est autre que l’état, dont il s’est trop souvent servi plutôt que le servir. On se souvient de ses pratiques abusives d’utiliser les fonds secrets d’une caisse noire illégale de la police pour se verser, ainsi qu’à ses collaborateurs, un complément de salaire de plusieurs milliers d’euros mensuels. Ces sommes, assorties d’une amende de 75 000 euros, sont dues à l’état qui a mis en place une saisie de 3 000 euros mensuels sur sa retraite trouvant que l’intéressé, à tous les sens du terme, ne mettait guère de bonne volonté à rembourser. Les juges qui l’ont condamné en première instance et en appel, et rejeté son pourvoi en cassation, le soupçonnent d’avoir gardé des sources de financement supplémentaires et ont donc résilié le sursis partiel qui lui avait été accordé. On se souvient qu’en 2013, Claude Guéant avait justifié la présence d’une somme de 500 000 euros, destinée à financer la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, par la vente de deux tableaux flamands, avec un montage financier rocambolesque et invraisemblable. Que n’a-t’il gardé une petite toile par-devers lui pour régler ses dettes !

La fiche Wikipédia de Claude Guéant n’est qu’une suite de scandales financiers dans lesquels il est plus ou moins impliqué. En plus des « primes de cabinet », les tableaux vendus illégalement ou le financement présumé libyen de la campagne cités plus haut, il est mêlé aux sondages abusifs de l’Élysée, le contentieux Tapie-Crédit Lyonnais, le détournement de cadeau reçu es qualité de ministre, des soupçons d’emplois fictifs, j’en passe et de pires. Ce qui résume peut-être le mieux sa carrière c’est le chef d’inculpation dont il a fait l’objet en 2020, où il a été accusé d’association de malfaiteurs. Il y était en bonne compagnie, puisque les autres membres de cette sorte d’amicale étaient Thierry Gaubert, Brice Hortefeux et Nicolas Sarkozy en personne. Il est pour l’instant le seul de cette bande des quatre à avoir été rattrapé par la patrouille, mais c’est un signe encourageant de la possible fin de l’impunité dont bénéficient trop souvent des margoulins se croyant tout permis.

Commentaires  

#1 jacotte86 14-12-2021 11:29
ça remonte un peu le moral...et honore la justice...un bon début!
Citer