FOG

Ces trois lettres désignent un personnage du journalisme et de la vie politique française extrêmement connu, Franz-Olivier Giesbert, membre d’un club très fermé où ne figure guère qu’un autre intellectuel branché, BHL, Bernard-Henri Lévy. Mais c’est également un nom commun, qui signifie en anglais « brouillard » et lui va donc comme un gant, tant il s’applique à brouiller les pistes pour faire passer son opportunisme pour de l’éclectisme. Et donc, FOG sort un nouveau livre, Histoire intime de la 5e république, dans lequel il déclare sa flamme toute récente à l’égard de son fondateur, le général de Gaulle.

S’il y a une chose de sûre dans notre monde incertain, c’est que Franz-Olivier Giesbert est extrêmement intelligent. J’en veux pour preuve l’axiome universellement reconnu selon lequel « il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ». Rassurons-nous, autant je me sens stupide à vouloir défendre des valeurs que l’on peut classer globalement à gauche et sur lesquelles j’ai l’impression de ne pas avoir varié depuis que j’ai l’âge de comprendre ce qu’est une injustice, autant j’admire l’aptitude brillante à s’adapter aux circonstances et la souplesse d’échine de certains acteurs et commentateurs de la vie politique. À cet égard, FOG a fait la démonstration à de nombreuses reprises de son talent digne d’un illustre prédécesseur, brocardé régulièrement par le Canard Enchaîné sous l’appellation de Michel Droit comme un Z, zélote attitré du Général. Il pourrait faire sienne la devise du regretté Edgar Faure, qui justifiait ses voltefaces et ses palinodies par le fait que c’est le vent et non la girouette qui tourne.

FOG se lance donc dans le panégyrique du fondateur de la 5e, non sans prévenir les critiques auxquelles il s’expose en défendant un personnage honni par sa propre famille à l’époque. Car il revient de loin, de son propre aveu, avec une mère, adjointe au maire PS d’Elbeuf, et un père, favorable à l’Algérie française, opposés au Général pour des raisons différentes. On comprend aujourd’hui que ses engagements successifs dans une presse de gauche n’étaient guère profonds, et qu’il se rapproche inéluctablement de positions beaucoup plus réactionnaires. C’est le statut de chef qui semble l’intéresser dans le personnage de De Gaulle, tout comme dans celui de Bernard Tapie dont il a écrit une biographie. Il louche aussi dangereusement sur des thèses plus extrêmes, sans les nommer, quand il regrette de ne plus entendre parler français sur la Canebière. Nous ne sommes pas si loin d’Éric Zemmour dont il prédisait pourtant l’échec l’été dernier. Ou encore de Manuel Valls qui trouvait que le marché de sa ville manquait de blancs. En tout cas, FOG n’insulte jamais l’avenir. Tout comme il a ménagé Sarkozy en son temps, il ménage pour l’instant Emmanuel Macron, en cas de réélection. Comme on dit vulgairement, « ce n’est pas la moitié d’un con ! » Comprend qui veut.