Plutôt seul que mal accompagné ?

Après le débat sur : « peut-on rire de tout, et avec n’importe qui ? » voici une nouvelle question existentielle soulevée par une campagne publicitaire en faveur du port du hijab, financée par le Conseil de l’Europe, qui a déclenché une tempête de réactions, principalement chez les réactionnaires, précisément, Éric Zemmour en tête, évidemment, mais pas que. Cette campagne consiste à présenter des femmes, dont la moitié du visage est voilée, accompagnées de slogans prônant le port de cet accessoire vestimentaire, marqueur religieux associé au fondamentalisme, comme un symbole de liberté.

Sur le fond, il est extrêmement surprenant que cette campagne ait pu voir le jour sans que les instances politiques européennes se rendent compte de son contenu, contraire aux valeurs défendues par le Conseil. Cette propagande, assez habilement propulsée par des activistes favorables à un islamisme radical, repose sur un sophisme. Les pays européens, dont la France, défendent le droit des femmes à s’habiller comme elles le souhaitent, mais la liberté de chacune ne vaut pas obligation pour toutes, la liberté pouvant revêtir les formes les plus variées, alors que les clips vidéos proclament qu’elle réside dans le hijab. Ce chiffon rouge agité devant les pourfendeurs du « grand remplacement » n’a pas manqué de faire réagir tous ceux dont le fonds de commerce est la peur de l’étranger, qui ont vu là une occasion de se mettre en valeur. Au point que les partis de gauche, ou ce qu’il en reste n’ont, semble-t-il, pas voulu mêler leur voix à ce concert bruyant de haros sur le baudet. Seule, ou presque, Laurence Rossignol, ancienne ministre socialiste, a pris position contre cette campagne.

Quant au gouvernement, par la voix de la secrétaire d’État chargée de la jeunesse dont vous aviez oublié tout comme moi jusqu’à l’existence, il se vante d’avoir obtenu le retrait de la campagne en fronçant les sourcils, c’est-à-dire « en faisant part de sa désapprobation extrêmement vive ». Il faut de toute urgence désigner Sarah El Haïry comme négociatrice en chef dans le conflit qui oppose la France à l’Angleterre sur les licences de pêche. Vous aurez compris mon embarras à me retrouver en compagnie de personnages politiques représentant ce que j’exècre le plus, mais les ennemis de mes ennemis ne sont pas forcément mes amis. Une nuance qui semble avoir échappé à Sandrine Rousseau, candidate malheureuse à l’investiture d’Europe écologie les verts, qui s’est auto investie d’un rôle de porte-parole de son « ami » Yannick Jadot pour tenter d’infléchir ses positions dans son sens personnel. Il lui suffit de constater la dénonciation presque unanime de la campagne en question pour lui trouver toutes les vertus démocratiques et laïques, en ignorant superbement l’asservissement de nombreuses femmes dans le monde au nom de la religion, tout en prétendant incarner à elle seule le féminisme.