Reconversion

Excellente nouvelle pour Emmanuel Macron, qui n’est pas en position de la négliger en faisant la fine bouche : il y a une vie après la présidence de la République, ce dont il aurait pu douter en se fiant uniquement à des exemples tels que celui de VGE, parvenu très jeune à la fonction suprême, et qui ne s’attendait pas à devoir gérer une retraite aussi précoce, et surtout aussi interminable. Et cette bonne nouvelle nous vient du côté de Nicolas Sarkozy. Il nous avait déjà donné un avant-goût de sa capacité à « rebondir » après avoir bu le calice politique jusqu’à la lie, en n’étant même pas choisi par son propre camp pour retenter sa chance, et en entamant une carrière d’écrivain de best-sellers.

La tournée des salons littéraires et des séances de dédicace en librairie a eu beau marcher du feu de Dieu, le côté répétitif a dû finir par lui peser. En plus de quoi, la politique doit lui manquer, et d’autant plus qu’il estime que c’est une activité qui requiert un certain professionnalisme dont le président actuel manque singulièrement à son sens, et que c’est une affaire trop sérieuse pour être confiée à des amateurs. C’est probablement une des raisons qui l’ont poussé à répondre favorablement à une demande d’interview, largement diffusée dans la presse au sujet de la situation de la France à la veille de la chute inéluctable du gouvernement Bayrou. Sa prise de parole a eu évidemment un certain contenu explicite, mais l’essentiel était ailleurs. Cela lui a permis de roder ses répliques et ses « punch lines » les plus percutantes, comme un humoriste se lançant dans le one-man-show.

C’est ainsi qu’il a répété sa meilleure blague sur des tons différents, en expliquant qu’il ne voulait pas donner de conseil à Emmanuel Macron, parce que celui-ci faisait ensuite systématiquement le contraire tout en feignant de l’approuver. Il faut d’ailleurs qu’il affine son numéro. Il a répondu aux questions en étant assis dans un fauteuil, alors que les lois du stand-up auraient exigé qu’il soit debout, et si possible en mouvement. Il pouvait seulement faire pivoter son siège et donner libre cours à ses habituels gestes parasites. Ça, c’est d’ailleurs de l’or en barre, exploité par tous ses imitateurs et ses détracteurs, devenu une marque de fabrique. Ensuite, sur le fond, il peut dire n’importe quoi, et il ne s’en prive pas. Le pronostic d’une dissolution est partagé par de nombreux observateurs et n’a rien d’original. Il est beaucoup plus discret sur les positions que pourrait prendre son propre parti, où il semble avoir perdu définitivement la main. Il lui restera la possibilité d’amuser la galerie en se contentant de se copier lui-même dans un exercice d’imitation tout à fait dans ses cordes.