Macron lave plus vert

Le président français s’est posé en défenseur farouche de l’environnement à la COP 26 qui vient de débuter à Glasgow, avec un aplomb et un culot dont il est coutumier pour compenser le vide et la faiblesse de ses propositions concrètes. L’exactitude étant, parait-il, la politesse des rois, il ne lui aura pas fallu moins de dix minutes au lieu des trois qui lui étaient allouées comme à tout dirigeant, pour donner la leçon à tous les autres pays présents. Pendant ce temps, les partisans de Greta Thunberg dénonçaient dans la rue la politique du « bla-bla-bla ».

Et les oreilles de Macron ont dû siffler, car il fait clairement partie de ceux qui parlent beaucoup, parfois trop ou de manière inexacte, mais qui font peu. À l’entendre, on pourrait croire que la France fait partie des bons élèves en matière de lutte contre le réchauffement climatique et la défense de la biodiversité, enfin, de tout ce qui fait bien dans les dîners en ville, voire qu’elle serait première de la classe. Et de désigner les vilains pollueurs chinois, américains, indiens, etc. qui ne « font pas leur juste part ». Ils sont pourtant bien commodes ces pays, si manifestement en dehors des clous, que le président français espère que les résultats médiocres de notre pays passeront inaperçus. Comme si les turpitudes d’autrui pouvaient excuser les nôtres. Il est exact que l’accord de Paris en 2015, arraché aux forceps au bout d’une âpre négociation, était une avancée importante, mais on en est toujours, 5 COP plus tard, à rechercher comment faire passer ces objectifs minimaux dans les faits.

La France elle-même n’a pas réussi à tenir ses objectifs et le retard pris sera très difficile, sinon impossible, à combler. Faut-il rappeler que notre pays a été reconnu coupable d’inaction climatique par le tribunal administratif de Paris le 14 octobre dernier, dans ce que l’on a appelé l’affaire du siècle : une action en justice contre l’état français qui n’a pas honoré ses propres engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le tribunal a enjoint au gouvernement de réparer le préjudice écologique ainsi créé, et lui a donné la date du 31 décembre 2022 pour le faire. Le seul regret étant que cette décision ne soit pas soumise à astreinte et à pénalités financières en cas de manquement. La fibre écologique de Macron est toujours aussi incertaine et les raisons qui ont poussé Nicolas Hulot à démissionner sont toujours présentes. Le président candidat à sa propre réélection flatte les écolos dans le sens du poil quand ça l’arrange et pratique le « green washing » pour ratisser le plus large possible, mais ça ne trompera personne.