Notre système de santé

Le monde entier nous l’envie, dit-on. De même que depuis très longtemps déjà nous vivons sur l’illusion que notre école maternelle est la meilleure du monde. Dans un cas comme dans l’autre, cela a peut-être été vrai un temps, mais il faut remonter à une époque très lointaine. En réalité, l’enquête du Conseil Scientifique, que l’on ne peut pas suspecter de vouloir charger la barque d’un gouvernement dont il a constamment soutenu l’action dans la crise du Covid 19, fait le terrible constat d’une situation plus que précaire.

Selon les chiffres récolés par cet organisme digne de confiance, 20 % des lits théoriques dans les établissements publics ne seraient pas opérationnels. La raison principale en est le manque de personnel, indispensable au bon fonctionnement du système de soin autour d’un patient hospitalisé. La situation sanitaire actuelle des soignants est particulièrement critique parce qu’un cercle vicieux aggrave constamment les choses. Les membres du personnel ont été très sollicités par l’épidémie qui dure depuis bientôt 2 ans sans qu’ils aient pu souffler et se reposer suffisamment pour reprendre du service dans de bonnes conditions. Le personnel est surmené et doit lui-même trop souvent être placé en congé forcé. Celui qui reste doit compenser les absences et sa charge de travail est trop lourde. La situation déjà très compliquée va devenir encore plus difficile avec l’épidémie saisonnière de bronchiolite qui a de l’avance cette année, et nous ne sommes pas à l’abri d’une forte vague de grippe, après l’hiver dernier qui a été clément sur ce front-là, ce qui nous expose à une protection naturelle moindre cette année.

Pour arranger le tout, il faut faire face à une crise des vocations. La profession devient de moins en moins attractive après les aumônes distribuées dans les négociations pompeusement appelées « Ségur de la Santé » où rien n’a été réglé de ce point de vue, et même a donné aux soignants l’impression d’être quantité négligeable. Ceux qui sont quand même restés ne laisseront pas leurs droits acquis contre de vagues promesses, ou un plat de lentilles. Comme à son habitude, le gouvernement ne se prive pas de botter en touche, sous prétexte que le malaise à l’hôpital ne date pas d’hier et qu’il faut du temps pour former une infirmière par exemple. Dont acte, mais qu’ont-ils fait des 4 années qui leur ont été octroyées ? ont-ils engagé une politique d’investissement massif dans la Santé ? ou bien se sont-ils contentés de saupoudrer des crédits insuffisants pour bâillonner les plus récalcitrants, tout en poursuivant une politique malthusienne de réduction massive du nombre de lits, comme si les urgences allaient gentiment diminuer pour rentrer dans les statistiques ? Ou que les murs allaient s’écarter par magie pour accueillir les patients surnuméraires ?