Oops, i did it again!

En marge du sommet international des vingt plus grandes puissances économiques du monde qui se tient à Rome, le président des États-Unis a rencontré son homologue français pour la première fois après le camouflet historique infligé à la France dans l’annulation du contrat du siècle avec la fourniture de sous-marins à l’Australie. Les deux hommes s’étaient entretenus au téléphone, mais peu de choses ont filtré de leurs échanges. Cette fois, Joe Biden a fait un geste, mais on peut parler de service minimum, pour rétablir formellement des relations un temps rompues.

À la manière de Britney Spears, à qui j’emprunte le titre de cette chronique, le président américain a parlé de « maladresse » des États-Unis dans ce dossier, comme si son administration « avait encore gaffé » à la manière de cette midinette attardée au cœur d’artichaut, ancienne gloire de la musique pop n’inspirant plus guère que de la compassion après son naufrage personnel et musical qui lui a valu une tutelle humiliante de son propre père. La réconciliation franco-américaine qui a été mise en scène à l’intention des médias du monde entier et en particulier des journaux hexagonaux, est destinée à redorer le blason du président français et lui permettre de valoriser une stature internationale, quelque peu défraîchie par ce genre de revers diplomatique et commercial. Joe Biden a reconnu sobrement un manque d’élégance de son pays, s’est même fendu d’un compliment appuyé envers notre pays, parmi les meilleurs alliés des États-Unis. Sans aller pour autant jusqu’à des excuses formelles, il a prétendu qu’il était persuadé que nous savions que le contrat allait être remis en question. Une fable qu’Emmanuel Macron a feint de croire.

Restent les faits. Plus que jamais, Joe Biden a chaussé les bottes de ses prédécesseurs en faisant passer les intérêts américains avant toute autre considération. Ce n’est même plus « America first », mais « America only ». Il a décidé unilatéralement du retrait des soldats américains en Afghanistan avec les conséquences que l’on connait. Il mène une politique de guerre économique avec la Chine, qui le lui rend bien, et se soucie des intérêts de ses alliés comme d’une guigne. On sent bien qu’en face, le probable candidat français à sa réélection aimerait bien jouer un rôle de contrepoids et prendre la tête d’une croisade de non-alignés, à la manière d’un certain général français capable de tenir la dragée haute à ses puissants alliés. Mais n’est pas Charles de Gaulle qui veut, et l’histoire ne repasse jamais les plats. Le pays le plus peuplé d’Europe, et le plus puissant économiquement, l’Allemagne, ne souhaite pas l’avènement d’une Europe de la défense, et encore moins si elle devait se trouver placée sous le commandement français, dont l’armée est la plus importante, hormis la Russie, alors que l’Allemagne est en 6e position.