Qui veut gagner des milliards ?

C’est le moment ou jamais. Terminé le jeu de gagne-petit que présentait Jean-Pierre Foucault avec une faconde toute méridionale, et qui, il faut bien l’avouer, n’est plus ce qu’il était depuis que Camille Combal a repris le flambeau. Place désormais au grand jeu de la croissance économique présenté par le président de la République en personne. Foin de misérables millions, c’est en milliards que l’on va devoir compter. Sous le nom générique de « France 2030 », Emmanuel Macron nous a annoncé un plan d’investissement de pas moins de 30 milliards d’euros.

Alors vous vous dites évidemment : « chic, il y a encore des sous dans les caisses de l’état », avant de vous rappeler immédiatement que, en matière d’argent, l’état c’est nous, et qu’il faudra bien payer un jour ou l’autre pour les projets pharaoniques annoncés, dont l’intérêt et l’urgence échappent à la plupart d’entre nous. D’ailleurs, l’argent public continue à être dépensé avec parcimonie et à bon escient selon la formule consacrée. Pas plus tard que la semaine dernière les députés d’opposition avaient proposé de « dé conjugaliser » l’allocation d’adulte handicapé, en clair, de ne pas tenir compte des ressources éventuelles du conjoint, du pacsé ou du compagnon du bénéficiaire. Une proposition repoussée par la majorité qui ne sait rien refuser à son chef suprême, et qui a dénoncé une proposition électoraliste aussi près des présidentielles qui sont pourtant dans 6 mois. Peut-être que la mesure n’était pas assez coûteuse pour être reprise par le président candidat, qui ne veut surtout pas mégoter en traitant de pareilles broutilles.

Le problème d’Emmanuel Macron, c’est de se croire en permanence candidat à un quelconque jeu télévisé où il mise avec nos sous, en espérant que la pièce jetée en l’air retombera du bon côté. Il est tellement sûr de son coup qu’il ne profite jamais de l’opportunité de demander conseil à quiconque, et préfère se tromper tout seul plutôt que de partager une once de gloire éventuelle en ayant eu raison grâce à quelqu’un d’autre. Les choix de dépenses qu’il a engagées n’ont à ma connaissance fait l’objet d’aucune consultation des principaux intéressés, les Français eux-mêmes, qui seront là après son départ pour payer les éventuels pots cassés. En contrepartie, il a gardé un silence prudent sur les préoccupations immédiates des gens, comme le pouvoir d’achat ou le prix des carburants. Une première crise des gilets jaunes ne lui a visiblement rien appris. On a très envie de lui dire, tel Cicéron s’adressant à Catilina : « jusques à quand, Emmanuel, abuseras-tu de notre patience ? » Le plus piquant peut-être, c’est que c’est l’un de ses potentiels concurrents qui a repris la phrase mythique du jeu télévisé : « c’est votre dernier mot ? » pour le titre de son livre, « la France n’a pas dit son dernier mot ». On espère que son auteur, Éric Zemmour, si !