Départage

Voilà encore une expression presque inusitée il y a peu que l’on retrouve mise à toutes les sauces du côté du parti Les républicains à propos de la désignation de leur candidat aux élections présidentielles. Le président du parti, Christian Jacob, a lancé la mode en indiquant il y a quelques mois qu’il espérait que se dégagerait un candidat « naturel » de sa famille politique, et que les autres candidats potentiels se rangeraient, tout naturellement, derrière sa bannière. Une hypothèse peu vraisemblable, même au pays des Bisounours. Dans le cas contraire, il faudrait organiser une procédure de désignation, et le terme de départage a alors été préféré à celui de Primaire, qui rappelle de fâcheux souvenirs.

J’ai eu la curiosité de regarder dans le dictionnaire Larousse la définition de ce mot, que je n’ai guère entendu jusque-là que dans le cadre de concours, associé à la notion d’ex aequo, et je n’ai pas été déçu ! La voici : « Départage, nom masculin, opération de tonnellerie qui consiste à fendre un merrain avec un départoir, pour obtenir une douelle brute. » C’est tout de suite plus clair, non ? Je ne sais pas pourquoi, l’idée de fendre les candidats de droite ne me déplait pas, reste à trouver le fameux départoir, et savoir quoi faire de la douelle brute. Si l’on en reste au sens commun du départage, le départoir serait sans doute la question subsidiaire, celle qui est introuvable, dont la réponse a été déposée chez un huissier pour éviter que ce soit systématiquement quelqu’un de la famille des organisateurs du concours qui décroche la queue du Mickey. Dans un concours comme celui qu’organisait régulièrement le journal Ouest France par exemple, les nombreuses questions étaient certes parfois difficiles avant la généralisation d’Internet, mais il y avait de nombreux gagnants, qu’il fallait donc départager, et les lots allaient du porte-clés à la croisière de rêve. Le concours présidentiel n’est pas tellement différent. Après la réussite surprise d’Emmanuel Macron, chacun pense avoir sa chance, comme Jean-Claude Duss, « on ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher ».

À droite, c’est déjà le trop-plein, au point que Laurent Wauquiez a préféré passer son tour, se réservant pour 2027. Mais il reste encore, dans l’ordre d’entrée en scène, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Philippe Juvin, Éric Ciotti et Michel Barnier, en attendant que d’autres candidats éventuels se déclarent. Il faut qu’ils se dépêchent de le faire avant le 31 août, date butoir d’un sondage IFOP destiné à évaluer les chances de chacun de ces candidats, dans l’espoir d’éviter une primaire, à laquelle Xavier Bertrand a d’ores et déjà refusé de se soumettre. D’ailleurs, ni lui ni Valérie Pécresse ne sont plus adhérents du parti, dont ils auraient pourtant bien besoin en vue d’une campagne qui s’annonce difficile. À moins que le « départage » ne redevienne un partage, celui des postes, comme au bon vieux temps : si tu me soutiens, tu seras ministre, peut-être même le premier, et ton tour viendra un jour.

Commentaires  

#1 massé 27-08-2021 11:31
en grande forme!!!
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