D’abord ne pas nuire

Cette traduction littérale du principe de l’Antiquité s’appliquant à la médecine, est proche de l’esprit du fameux serment d’Hippocrate, qui stipule comme première obligation pour celui qui veut soigner autrui de ne pas lui causer plus de tort que s’il s’abstenait de toute intervention. Dans l’état actuel de nos connaissances sur le covid-19, il parait élémentaire d’éviter de propager l’épidémie, alors que l’on dispose de vaccins dont l’efficacité a été établie, pour des effets secondaires rares. Ce que l’on appelle généralement la balance « bénéfice-risque » penche clairement du côté des avantages collectifs de la vaccination.

Cette observation, si elle est juste pour le grand public, devrait l’être à plus forte raison pour ceux dont c’est le métier, qui disposent professionnellement de toute la documentation nécessaire pour se faire une opinion basée sur les faits objectifs. Je respecte naturellement les choix personnels de tout un chacun, mais je n’arrive pas à comprendre au nom de quel principe supérieur un certain nombre de soignants préfèrent ne pas se faire vacciner, si l’on excepte les craintes légitimes envers tout type de traitement nouveau. Faut-il pour autant en arriver à instaurer une contrainte, rendre la vaccination obligatoire, soit pour le personnel médical seulement, soit pour un panel de professions susceptibles de contribuer à la dissémination du virus, soit encore pour la population générale, la question est délicate. Le gouvernement y pense, de toute évidence, et il hésite. La tentation est grande de refiler la patate chaude aux partis politiques que le Premier ministre consulte, alors que la concertation est habituellement le cadet de ses soucis. Le moindre faux-pas peut avoir des conséquences électorales catastrophiques pour les présidentielles de 2022.

Par principe, je préfèrerais que l’extension de la vaccination s’opère par la persuasion plutôt que par la coercition. Force est pourtant de constater qu’elle plafonne en ce moment, pour des raisons psychologiques autant que pratiques. Les jeunes adultes et les adolescents semblent avoir acté le fait que le passe sanitaire lié à la vaccination leur ouvrira les portes d’une vie culturelle plus libre en termes de voyages ou d’accès aux manifestations réunissant un public large. Les plus âgés sont généralement déjà vaccinés. Il reste à convaincre la population active intermédiaire, en leur donnant un avantage qui les incite à se faire vacciner dès maintenant, quand l’épidémie est au plus bas, sans attendre que la peur reprenne le dessus et fasse le travail en cas de remontée spectaculaire des contaminations. Il faut pour cela un message clair et audible du plus grand nombre. La seule campagne que j’entends en ce moment concerne les consignes d’isolement, qui, visiblement, sont totalement ignorées, et ne sont d’ailleurs pas contrôlées. Il faut absolument promouvoir la vaccination pendant qu’il en est encore temps et y mettre les moyens.