La machine à perdre

À l’origine, l’expression désignait les efforts de la droite, du temps de Charles Pasqua notamment, pour transformer une situation favorable en défaite électorale. Ainsi de la confrontation du président François Mitterrand avec son Premier ministre de cohabitation de l’époque, Jacques Chirac, en 1988. De même, tout le monde prédisait la victoire facile d’Alain Juppé en 2017, tout comme celle d’Édouard Balladur en 1995. On sait ce qu’il est advenu de ces deux candidatures. Pour 2022, la gauche ne part pas favorite, c’est le moins que l’on puisse dire, avec des divisions plus fortes que jamais.

D’élection en élection, les partis traditionnels n’ont cessé de perdre du terrain, excepté dans quelques bastions, des grandes villes ou des régions restées à gauche, parfois même gagnées, avec une stratégie de rassemblement le plus souvent autour des écologistes. On pourrait donc légitimement se dire qu’une candidature issue des rangs d’Europe écologie les Verts, aurait une chance, même minime, de fédérer les énergies en espérant faire boule de neige et rallier les indécis. Cette petite chance de réussite suffit à éveiller des vocations, à vrai dire déjà connues, celles de Yannick Jadot et d’Éric Piolle, auxquelles il faut ajouter celle de Sandrine Rousseau, déjà déclarée et peut-être d’autres, rien que dans la famille écologiste. Il va donc falloir passer par la case des primaires, un exercice redoutable qui jusqu’ici a ruiné à chaque fois les espoirs des partisans les plus sincères des écolos, tant les dommages de la campagne ont été dévastateurs. Nicolas Hulot, un des écologistes les plus connus de l’époque moderne en a fait les frais en 2011. Les militants lui ont préféré Eva Joly, inconnue du grand public, qui recueillera 2,31 % des voix à l’élection après une campagne calamiteuse.

Sachant que le parti EELV se fait une spécialité de choisir le candidat qui a le moins de chances de faire un bon score, il va être difficile de départager les 3 personnes déjà déclarées candidates à l’investiture. La moins connue est probablement Sandrine Rousseau, que le grand public a découvert à l’occasion du scandale de harcèlement sexuel de son collègue, Denis Beaupin, et qu’il s’est empressé d’oublier. Yannick Jadot est un peu plus médiatisé, et il a occupé le terrain autant que possible, se posant en rassembleur de la gauche avec des fortunes diverses, pour rester courtois. Enfin, Éric Piolle est apprécié comme maire de Grenoble, mais sa notoriété est limitée à la région. Et il ne faut pas faire abstraction des ravages que peut entraîner une campagne de primaires, où la compétition est rarement exempte de coups bas, de critiques virulentes dont l’effet peut se faire sentir longtemps, les vrais ennemis se faisant un plaisir de les rappeler abondamment. Dire que c’est mal parti pour les derniers tenants du progressisme et de la justice sociale en France est donc un euphémisme.

Commentaires  

#1 jacotte 86 01-07-2021 11:40
pas très optimiste tout ça...
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