Je reviendrai !

C’est par ces mots que Benyamin Netanyahou a fait ses adieux au parlement israélien qui venait de confirmer la nomination de son successeur à la tête d’une coalition improbable pour diriger le pays après douze ans passés à saper toute possibilité d’une paix et d’une solution avec les Palestiniens. C’est contraint et forcé que « Bibi », son surnom au départ affectueux devenu synonyme de pouvoir personnel sur fond de corruption, a quitté le pouvoir en promettant de tout faire pour faire tomber le nouveau gouvernement.

C’est que pour certains dirigeants, tels que Donald Trump aux États-Unis, la démocratie est de droit divin et le vote populaire doit sanctifier leur nomination, qui leur est réservée comme un droit. Ils considèrent que pour gagner, du moins en apparence, leurs adversaires doivent tricher et truquer les élections. Benyamin Netanyahou prend visiblement Naftali Bennett, le nouveau chef du gouvernement, pour un imposteur et se tient prêt à tout moment à revenir aux affaires. Dans son propre parti, le Likoud, certains de ses anciens soutiens aimeraient mieux qu’il s’occupe du procès dans lequel il est impliqué pour de multiples accusations. Le fait est rarissime. Ce n’est pas la victoire de Naftali Bennet qui a été fêtée dans la rue, mais la défaite de Benyamin Netanyahou. Et c’est aussi un front commun contre l’ancien premier ministre qui a permis son remplacement à une très courte majorité, 60 députés contre 59. Les quatre dernières consultations n’ont pas permis de dégager une tendance claire, ce qui a permis à Bibi de se maintenir au moins pour expédier les affaires courantes.

Et les affaires courantes, c’est encore et toujours le conflit, armé ou non, avec les Palestiniens. La trêve récente dans l’échange de bombes et de missiles avec la bande de Gaza est très fragile et peut être rompue à tout instant. Les ultras israéliens ont célébré hier l’anniversaire de l’annexion de Jérusalem contre l’avis de la communauté internationale. L’autorité palestinienne, qui porte bien mal son nom, essaie tant bien que mal de continuer à exister grâce à l’antagonisme avec la droite religieuse qu’incarnait Benyamin Netanyahou. Bref, les parties prospèrent sur la poursuite du conflit, et d’un côté comme de l’autre on a besoin de l’ennemi pour s'affirmer. Le nouveau président des États-Unis, Joe Biden, n’a visiblement pas fait du conflit israélo-palestinien la pierre angulaire de sa politique étrangère et il ne faut pas en attendre une intervention active en faveur de la paix. Tout au plus, il pourra modérer les ambitions territoriales sans limites de son allié historique, contrairement à Donald Trump, soutien sans réserve de la politique expansionniste d’Israël. Bibi a donc toutes les chances de réussir son pari dès la première crise sérieuse dans le pays, à moins que la justice ne l’en empêche en le condamnant pour corruption, fraude et abus de confiance.